Chômage partiel, licenciement, suppression d’offres, scandale de Wirecard, la crise a atteint les néobanques et les banques en ligne. Si certaines ont décidé de fermer définitivement leurs portes, d’autres essayent tant bien que mal de se maintenir sur le marché.
Une valorisation revue à la baisse pour Monzo
La jeune pousse britannique Monzo a été récemment obligée de diviser sa valorisation de moitié.
Des investisseurs timorés
Le contexte économique actuel a eu des impacts sur les caisses de Monzo. Dernièrement, elle a confirmé une levée de fonds de 60 millions de Livres sterling, soit 67 millions d’Euros. De plus, elle a également été contrainte de baisser sa valorisation passant de 2 milliards en juin 2019 à 1,24 milliard de livres sterling cette année. Si la Fintech espérait environ 70 millions de livres pour accélérer son développement, elle a dû faire face à la participation timide des investisseurs.
Une base de clients difficile à monétiser
Monzo dispose d’un large portefeuille clients. Et pourtant, les tentatives de relance de formules payantes sont infructueuses. Dernièrement, la néobanque a décidé de reporter le lancement officiel de son offre payante premium. De plus, depuis la crise, les dépenses par carte à l’étranger qui renflouent en grande partie ses caisses ont diminué.
Des néobanques en cessation d’activités
Ditto, Sharepay, Ipagoo, Ferratum, C-Zam ou encore Morning de Leclerc, plusieurs néobanques ont annoncé leur cessation d’activités.
Des offres standardisées entre les néobanques
Les néobanques sont devenues uniformisées. A présent, leurs offres se ressemblent. A titre d’exemple, au début de ses activités, seule Revolut proposait une offre adaptée aux voyageurs. Aujourd’hui, les autres néobanques ainsi que les banques en ligne s’adressent également à ce même profil. Par conséquent, certaines banques mobiles ayant des prestations identiques ont fini par cesser leurs activités faute de rencontrer un succès auprès des consommateurs.
Des offres concurrentielles proposées par les banques traditionnelles et banques en ligne
Outre la concurrence entre les néobanques, les banques institutionnelles commencent également à s’aligner à leurs offres. Le Crédit Agricole a lancé récemment Globe Trotter à 2€/mois qui permet aux jeunes de moins de 30ans de voyager sans frais en Europe et de profiter en plus des atouts de la banque physique.
Sans oublier la concurrence solide des banques en ligne qui proposent quasi maintenant toutes les paiements et retraits sans frais en zone euro. C’est le cas de Boursorama Banque avec Ultim, de Fortuneo ou de Monabanq.
Des établissements qui ne génèrent aucun profit
La plupart des néobanques et des banques en ligne ne sont pas rentables. Et pourtant, ces établissements attirent chaque jour de nouveaux clients.
Des clients subventionnés
En France, la plupart des comptes ouverts auprès des néobanques le sont auprès des enseignes telles que Revolut, N26 et Nickel. Ces grands acteurs ont raflé plus de 75% des clients. Et pourtant, la plupart de ces établissements ne génèrent toujours pas de profit.
Il en est de même pour les banques en ligne telles que Monabanq ou Boursorama Banque. En fait, pour attirer un plus grand nombre d’usagers ces enseignes ont opté pour le reversement de prime. Différentes primes peuvent être reversées :
- La prime de bienvenue lors de l’ouverture du compte,
- La prime de parrainage pour l’apport de nouveaux abonnés,
- La prime de mobilité pour inciter le détenteur du compte à en faire son compte principal,
- La prime reversée à la souscription d’un contrat d’assurance vie, d’un livret d’épargne ou à l’ouverture d’un PEA.
Des résultats qui connaissent toutefois quelques améliorations
En 2018, ces établissements ont perdu en moyenne 30 euros pour chaque client contre 40 euros en fin d’année 2016. Malgré l’inexistence de profit, ces enseignes ont connu une nette amélioration de leurs résultats financiers. Afin de dépasser rapidement cette période de transition, elles doivent convertir leurs actuels adhérents en des abonnés actifs et à les encourager à souscrire à des produits plus lucratifs.
Quel avenir pour la Fintech ?
Avant la crise sanitaire, certains établissement se disaient proche de l’équilibre. Comme ING par exemple. Mais il semble que cela a été repoussé.
Actuellement, la Fintech est en pleine tourmente, le marché entre dans une phase de maturité. Même si de nombreux acteurs continuent à apparaître, le ticket d’entrée est important et la disparition de quelques acteurs est le dommage collatéral obligatoire, ceux qui ne souhaitent pas évoluer disparaissent. C’est ainsi que certaines néobanques, à l’instar de Revolut, en juin avec la mise à jour de nombreux éléments, ont réorienté leurs activités. Néanmoins, il s’agit d’un champ d’activité prometteur. Le secteur de la néobanque pour professionnel attire de plus en plus, on pense par exemple à Blank du Crédit Agricole, encore ou à Anytime qui va recentrer son offre sur la partie professionnelle fin 2020. Anytime restera accessible pour les particuliers et sera principalement interessante pour ceux qui cherchent à encaisser des revenus issus de locations Airbnb par exemple ou de ventes sur LeBonCoin.
La théorie de Darwin s’applique donc à l’univers de la Fintech, évoluer pour subsister. D’autant plus que les besoins des internautes évoluent encore plus vite que ceux des français moins connectés. La stratégie de Moneway qui vise à écouter et à s’adapter aux besoins de sa communauté semble montrer la bonne direction à suivre. Reste plus qu’à proposer, pour ceux qui ne sont pas encore passés en mode payant, des forfaits freemium afin de tendre vers une entreprise pérenne et rentable.