Bien que les banques se plaignent des effets pervers d’un environnement des taux bas, elles continuent d’engranger des profits. Ces moteurs de croissance fragilisent-ils le secteur bancaire, alors même que les contraintes réglementaires n’ont cessé de s’étoffer depuis 2009 ? Réponses.
La profitabilité des banques
Les banques évoluent dans un contexte des taux bas peu porteurs qui rognent leurs marges. Est-ce pour autant rédhibitoire pour leur profitabilité ?
De vastes plans de réorganisation
La faiblesse des taux de crédit immobilier, calqués sur ceux à 10 ans sur les obligations d’état, et la sortie progressive d’anciens actifs rémunérateurs devaient logiquement mettre à mal la profitabilité des établissements bancaires. Ces derniers le dénoncent régulièrement dans leur communication, en en faisant même un argument explicatif des mesures de réorganisation interne des équipes et de la contraction du réseau d’agences bancaires physiques.
La banque d’investissement à la rescousse
Sauf que la profitabilité des banques se porte très bien, merci pour elle ! Comment est-ce possible ? Les banques surfent sur les volumes et sur la diversification de leurs activités. Elles misent clairement sur les lucratives activités d’intermédiation, de conseil et d’exécution, c’est-à-dire sur la partie banque d’investissement, la composante gestion d’actifs et assurance, ou encore les activités spécialisées type leasing. La branche banque d’investissement a ainsi contribué pleinement aux résultats 2019 de banques comme BNP Paribas et Crédit Agricole.
Banques en ligne : la conquête client avant la rentabilité
Profitabilité, un terme éloigné des préoccupations des banques en ligne et des néobanques, essentiellement concentrées à engranger de nouveaux souscripteurs.
Un modèle déficitaire
La rentabilité, une problématique qui laisse de marbre pour l’heure les banques en ligne et les néobanques qui cumulent les déficits année après année. Pourtant, les Fintechs sont les premières à aller chercher du cash en levant des fonds, certaines atteignant des valorisations exceptionnelles. Rappelons que la néobanque brésilienne Nubank est valorisée à hauteur de 10 milliards de dollars. Le pure player devance la néobanque britannique Revolut valorisée à 5,5 milliards de dollars ou la néobanque allemande N26 valorisée à 3,5 milliards de dollars.
Un coût d’acquisition élevé
Cet argent est nécessaire pour enrichir l’offre, améliorer la qualité technique des interfaces numériques et surtout conquérir toujours plus de clients. Un coût d’acquisition très cher entre campagnes publicitaires, primes de bienvenue et gratuité (frais de tenue de compte ou cotisation de carte bancaire). La stratégie est la suivante : grossir en privilégiant le recrutement de nouveaux clients sans penser à court terme au point mort. Un seuil de rentabilité que pourrait atteindre Boursorama Banque si elle ne dépensait pas autant en conquête client…d’où la question récurrente de la viabilité du modèle économique des banques en ligne et autres Fintechs.
Un système bancaire sous surveillance
Alors banques traditionnelles focalisées sur la partie investissement et banques en ligne braquées sur la conquête client, faut-il se méfier ?
Des contraintes réglementaires plus poussées
S’il est toujours délicat de dire à quel niveau le système bancaire est sûr, on sait que la crise financière de 2008 a entrainé la mise en place d’une trentaine de nouvelles règles pour le consolider. Les autorités de régulation ont par exemple imposé aux banques de posséder un paquet de titres financiers qualifiés de sûrs ou d’augmenter la part de leurs ressources de long terme. Le Comité de Bâle les oblige à disposer de plus de capital, tandis que les banques centrales les soumettent régulièrement à des tests de stress.
Des fonds de garanties pour les particuliers
Du côté des particuliers, il existe également des filets de sécurité : fonds de garantie des dépôts et des résolutions (FGDR) et fonds de garantie des assurances de personnes (FGAP). Le FGDR couvre à hauteur de 100 000 euros par personne et par établissement l’argent déposé sur les comptes courants, les livrets d’épargne non réglementés, les PEL/CEL, les Livrets Jeune et les comptes espèces des PEA et comptes-titres. Le plafond d’indemnisation du FGAP s’étend jusqu’à 70 000 euros pour les assurances-vie notamment. Quant aux livrets réglementés (Livret A, LDDS, LEP), une garantie de l’Etat permet de couvrir jusqu’à 100 000 euros par personne et par établissement. Ce qui représente un total de 270 000€ par personne et établissement.
Quoi qu’il en soit, le contexte actuel est un test de stress grandeur nature pour le système bancaire et ses différents acteurs, avec en dernier recours les banques centrales et les états. Pas sûr que la profitabilité des banques en ressorte embellie…