Pourquoi la France refuse-t-elle de légaliser les casinos en ligne alors qu’elle pourrait en tirer plus d’un milliard d’euros de recettes fiscales ?

Modifié le - Auteur Par Lucie -
Pourquoi la France refuse-t-elle de légaliser les casinos en ligne alors qu’elle pourrait en tirer plus d’un milliard d’euros de recettes fiscales ?

Près d’un milliard d’euros : c’est le montant estimé des recettes que l’État français pourrait percevoir grâce aux casinos en ligne, selon des propositions évoquées dans le cadre du projet de loi de finances 2025. Pourtant, la France demeure, avec Chypre, l’un des rares pays de l’Union européenne à maintenir une interdiction stricte de ces plateformes.

Cette réticence intrigue, surtout dans un contexte financier où les caisses publiques sont fortement sollicitées. Alors, pourquoi ce choix de se priver de ressources potentielles, au moment même où le Trésor peine à trouver de nouvelles sources de financement ?

Une législation restrictive et des enjeux politiques

La réglementation des jeux d’argent en France s’appuie sur plusieurs textes de loi, notamment la loi n°2010-476 du 12 mai 2010, qui a encadré l’ouverture à la concurrence et la régulation des paris sportifs et du poker en ligne, sous la surveillance de l’Autorité nationale des jeux (ANJ).

Les casinos en ligne, eux, restent exclus de cette ouverture. Cette démarche trouve un écho politique : préserver le modèle français, maintenir un lien étroit avec les casinos physiques et assurer une forme de continuité historique.

En octobre 2024, un amendement gouvernemental avait pourtant été déposé afin d’autoriser, par ordonnance, certains jeux de casino sur internet, notamment la roulette. L’idée était de générer de nouvelles recettes fiscales tout en contrôlant le secteur, et ainsi lutter contre les plateformes illégales. Le gain potentiel était estimé à près d’un milliard d’euros. Mais la mesure a été mise en suspens suite à de vives protestations.

Les pressions des casinos terrestres, des élus locaux et de la FDJ

Le secteur des casinos “terrestres” en France est composé de près de 200 établissements, source d’emplois et de retombées économiques locales. Les exploitants et les élus, particulièrement ceux des communes hébergeant ces établissements, ont exprimé leur désaccord face à l’idée d’ouvrir l’accès au jeu sur internet. Selon leurs estimations, l’arrivée des casinos en ligne pourrait provoquer la fermeture d’un tiers des établissements physiques et menacer à court terme environ 15 000 emplois.

La crainte que les joueurs migrent vers des offres en ligne, plus accessibles, est réelle. Les maires et les représentants locaux ont donc fait part de leurs inquiétudes, soulignant l’importance de maintenir un tissu économique local lié aux maisons de jeu traditionnelles, dont l’activité repose sur une clientèle physique souvent fidélisée.

La Française Des Jeux (FDJ), dont l’État détient encore une part du capital, exerce une influence discrète mais réelle sur le marché des jeux d’argent. Légaliser les casinos en ligne menacerait son quasi-monopole. Sans pression publique explicite, le gouvernement consulte cette grande actrice avant toute décision, préservant ainsi l’équilibre économique et financier, et prenant en compte les intérêts fiscaux nationaux et la stabilité du secteur.

Les risques liés à l’addiction et les mises en garde des experts

Les organisations de prévention, telles que la Fédération Addiction, ont tiré la sonnette d’alarme. L’accessibilité permanente et l’offre variée des casinos en ligne favoriseraient une dépendance plus rapide, du fait de la possibilité de jouer à toute heure, sans contrainte géographique. Les études internationales montrent un taux de joueurs à risque plus élevé sur les plateformes virtuelles que dans les casinos physiques.

Cette opposition des associations spécialisées dans la santé publique a joué un rôle dans le recul du gouvernement. Les autorités ont dû admettre que, sans concertation suffisante, il était prématuré de légiférer sur un sujet aussi sensible, même si les revenus potentiels sont importants.

Ici l’addiction aux jeux d’argent et au site de paris est au cœur du sujet. C’est donc dans un souci de protéger les usagers et pour leur sécurité.

Les perspectives futures et la prudence du gouvernement

Malgré la suspension du projet, le débat n’est pas clos.

Le ministre du Budget avait indiqué qu’un dialogue plus approfondi était nécessaire, tant avec les opérateurs, les associations de prévention que les élus locaux. La volonté de trouver un équilibre entre l’intérêt économique et la protection des joueurs subsiste, sans compter la nécessité de renforcer la lutte contre les plateformes illégales basées à l’étranger, vers lesquelles se tournent déjà certains amateurs de sites de hasard.

Cette situation met en lumière la difficulté de la France à se positionner face à un marché européen où la plupart des pays ont opté pour une régulation plutôt que pour une interdiction.

Entre prudence et pragmatisme

La France marche sur une ligne de crête : d’un côté, le manque à gagner est réel, avec plus d’un milliard d’euros potentiels qui pourraient soutenir un État endetté. De l’autre, le risque de fragiliser les casinos physiques, de déstabiliser un marché du travail déjà précaire dans certaines régions, et de favoriser l’addiction aux jeux d’argent en ligne pèse lourd.

Au final, l’Hexagone cherche encore la bonne formule. Le dossier n’est pas fermé, mais la prudence domine, reflétant une tension entre besoins budgétaires, préservation du secteur traditionnel et protection des joueurs. L’avenir dévoilera si l’équilibre entre ces facteurs permettra un jour l’ouverture encadrée de casinos en ligne sur le territoire national.


Jouer comporte des risques : endettement, isolement, dépendance.

Par Lucie

Lucie est rédactrice sur ComparateurBanque.com depuis le début. Elle aime tester les offres et partager son expérience. Elle a aussi d'autres casquettes dans l'équipe.

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