Il y a définitivement un avant et un après l’élection présidentielle américaine de novembre 2024, offrant un souffle nouveau et un environnement favorable au marché des actifs numériques. Les résultats, associés à des nominations stratégiques et des efforts de lobbying efficaces, ont changé les équilibres politiques et réglementaires, donnant une impulsion sans précédent au secteur crypto.
Une élection bipartisane pro crypto
L’un des faits marquants de cette élection a été la capacité de l’industrie crypto à transcender les clivages politiques traditionnels. Fairshake, un comité d’action politique (PAC) soutenu par Ripple, a investi dans 62 candidats démocrates et républicains, dont 85 % ont remporté leur élection. Cette démarche non partisane reflète la volonté des acteurs américains du secteur de défendre les cryptomonnaies comme une technologie universelle et apolitique.
Le PDG de Ripple, Brad Garlinghouse, a souligné que cette stratégie avait permis de sensibiliser les électeurs à l’importance des actifs numériques dans l’économie moderne. « Nous avons clairement contribué à renforcer la dynamique des candidats grâce aux fonds disponibles dans les caisses… C’est absolument vrai », a-t-il affirmé.
En résumé, Garlinghouse explique que l’industrie des cryptomonnaies a utilisé le cycle électoral pour investir dans la promotion de candidats favorables à leur cause et pour sensibiliser le public aux avantages et enjeux des actifs numériques. Cela s’inscrit dans une stratégie similaire à celle d’autres industries cherchant à influencer les politiques publiques.
L’évolution de Donald Trump
Un autre fait éminemment marquant de cette élection a été la transformation de la perception des cryptos par l’ancien président Donald Trump. Autrefois critique des crypto-monnaies, il a ensuite adopté une position favorable, séduisant ainsi un électorat jeune et tourné vers l’avenir. Ce revirement a également été perçu comme une énorme reconnaissance du potentiel économique et technologique des actifs numériques.
Brad Garlinghouse a résumé cette dynamique en déclarant : « Donald Trump a embrassé les cryptos, et les cryptos ont embrassé Donald Trump. » Ce rapprochement illustre l’évolution de la perception des cryptomonnaies, qui passent d’une niche confidentielle et contestée par les pouvoirs publics à un secteur devenu incontournable pour les décideurs politiques.
Une régulation plus permissive
Selon un récent rapport de Citi, les marchés des cryptomonnaies ont bénéficié d’un environnement favorable depuis l’élection présidentielle américaine. La nomination de Paul Atkins, connu pour ses positions pro-crypto, à la tête de la Securities and Exchange Commission (SEC), a également été un événement en soi, propulsant Bitcoin à un record historique au-dessus des 100 000 dollars. Cette dynamique est alimentée par des flux d’investissement dans les ETF et une adoption croissante.
Toutefois, Citi souligne que d’autres actifs numériques, moins établis, pourraient davantage tirer parti d’un cadre réglementaire plus permissif, offrant un potentiel d’expansion plus large pour l’écosystème blockchain. Cependant, le rapport souligne que l’activité sur la blockchain reste modérée. À long terme, Citi indique que la valeur des réseaux blockchain sera liée à leur utilisation concrète, à leur corrélation avec les conditions macroéconomiques et à leurs coûts de production.
Des révélations sur la guerre anti-cryptos
Cependant, ce contexte positif n’efface pas les obstacles auxquels l’industrie a été confrontée. Des documents récemment obtenus par Coinbase révèlent que la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) avait activement découragé les banques américaines de travailler avec des entreprises crypto en 2022. Ces lettres, publiées après une bataille judiciaire, révèlent officiellement une campagne de « débanking » systématique menée par l’administration démocrate de Biden, surnommée « Operation Chokepoint 2.0 ».
Selon Paul Grewal, directeur juridique de Coinbase, ces révélations confirment que l’industrie n’exagérait pas en dénonçant ces pratiques. « Ces lettres montrent qu’il ne s’agissait pas de théories du complot, mais d’un plan concerté pour refuser des services bancaires à une industrie légale », a-t-il déclaré. Ces pratiques ont freiné l’innovation et accentué les difficultés pour les entreprises crypto qui ont dû évoluer dans un environnement hostile.
Bitcoin : un nouvel outil stratégique pour les entreprises
Suite à l’élection présidentielle qui aura validé le retour de Trump à la Maison Blanche et enclenché une nouvelle dynamique autour des cryptos, le débat s’intensifie à propos de l’intégration de Bitcoin dans les stratégies financières des grandes entreprises. Amazon, par exemple, fait face à une pression croissante de la part de ses actionnaires pour envisager Bitcoin comme une solution face à l’inflation croissante. En effet, Bitcoin a enregistré une hausse impressionnante de 131 % en 2024, surpassant largement les performances des obligations traditionnelles, et son augmentation de valeur dépasse 1 200 % sur les cinq dernières années. Les actionnaires suggèrent qu’Amazon, avec ses 88 milliards de dollars en liquidités et obligations, pourrait allouer 5 % de ses actifs à Bitcoin pour protéger ses bénéfices et améliorer ses rendements à long terme.
Notons également que Microstrategy et Tesla adoptent Bitcoin comme actif de réserve. Microstrategy, par exemple, détient 402 000 BTC, valorisés à près de 40 milliards de dollars, ce qui représente 2 % de l’offre totale de Bitcoin. Ces entreprises constatent une augmentation de la valeur de leurs actifs ainsi qu’une hausse de la confiance des investisseurs.
Cependant, les avis restent partagés. Tandis que des figures comme Robert Kiyosaki voient en Bitcoin un atout incontournable, d’autres, comme Bill Gates, restent sceptiques face à ce qu’ils considèrent comme un actif spéculatif. Microsoft, de son côté, débat également de l’opportunité d’ajouter Bitcoin à son bilan, une décision qui pourrait influencer la perception de Bitcoin au sein des institutions traditionnelles.
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