La plateforme d’échange de cryptomonnaies FTX, autrefois l’une des plus influentes du secteur, a annoncé qu’elle prévoyait de commencer les distributions aux créanciers et aux clients début 2025. Ce dénouement intervient alors que l’entreprise s’approche de la finalisation de son plan de réorganisation sous le chapitre 11, approuvé par le tribunal. Parallèlement, Gary Wang, cofondateur de FTX, a évité une peine de prison grâce à sa coopération avec les autorités dans le cadre de l’enquête sur la fraude de 8 milliards de dollars qui a conduit à l’effondrement de la plateforme.
FTX : Un plan de distribution très attendus des créanciers
FTX a déclaré son intention de distribuer environ 16,5 milliards de dollars aux créanciers et aux clients affectés par sa faillite retentissante en novembre 2022. John J. Ray III, le PDG et directeur de la restructuration des débiteurs de FTX, a affirmé :
« Nous sommes heureux d’annoncer que nous commencerons à distribuer les fonds début 2025. Le calendrier reflète l’expérience et le travail continu de l’équipe de professionnels qui soutient les débiteurs, et qui a déjà récupéré des milliards de dollars au nom des créanciers et des clients de FTX. »
La société prévoit de finaliser les arrangements avec des agents de distribution spécialisés d’ici début décembre. Ces agents joueront un rôle d’intermédiaires en aidant à distribuer les fonds récupérés aux clients du monde entier, dans les juridictions prises en charge. D’ici la fin décembre, FTX prévoit d’annoncer la date exacte d’entrée en vigueur de son plan, après avoir reçu l’approbation du tribunal pour le montant de la réserve des réclamations contestées.
Quelles sont les démarches à effectuer pour les créanciers et les clients
Pour recevoir les distributions, les clients devront :
- Créer un compte approuvé avec un agent de distribution désigné.
- Compléter la vérification KYC (Know Your Customer) pour se conformer aux réglementations financières.
- Soumettre les formulaires fiscaux requis avant la date d’enregistrement de la distribution.
Attention, Si vous êtes un trader de réclamations (c’est-à-dire une personne ou une entité qui achète ou vend des créances envers FTX), et que vous transférez une réclamation (vous la vendez ou l’achetez) dans les 45 jours précédant la date d’enregistrement de la distribution (la date à laquelle FTX enregistre officiellement qui a droit aux remboursements), alors, ce transfert pourrait ne pas être reflété à temps dans le registre des réclamations de FTX. En d’autres termes, FTX pourrait ne pas être informé à temps du changement de propriétaire de la réclamation.
Rapide retour sur l’effondrement de FTX
FTX s’est effondré en novembre 2022 après que des inquiétudes concernant sa stabilité financière ont conduit à une vague massive de retraits de la part des clients. Il a été révélé que Sam Bankman-Fried, le fondateur de FTX, avait utilisé illégalement les dépôts des clients pour couvrir des pertes massives de 8 milliards de dollars chez Alameda Research, la société sœur de FTX. Cette utilisation inappropriée des fonds des clients a été au cœur des accusations portées contre les dirigeants de l’entreprise.
Les conséquences judiciaires pour les dirigeants de FTX
Plusieurs hauts responsables de FTX ont été impliqués dans des procédures judiciaires suite à l’effondrement de la plateforme :
- Sam Bankman-Fried, fondateur et ancien PDG de FTX, a été condamné à 25 ans de prison pour son rôle central dans la fraude.
- Caroline Ellison, ancienne PDG d’Alameda Research, a été condamnée à deux ans de prison.
- Nishad Singh, ancien dirigeant de FTX, a échappé à la prison pour sa coopération. Singh avait témoigné en tant que témoin à charge lors du procès qui a conduit à la condamnation de Bankman-Fried.
- Gary Wang, cofondateur de FTX, a également évité la prison en collaborant, recevant uniquement trois ans de mise à l’épreuve sous surveillance.
Gary Wang : de cofondateur à collaborateur clé auprès des autorités
Gary Wang a plaidé coupable à quatre chefs d’accusation, dont la conspiration pour commettre une fraude électronique et une fraude sur les valeurs mobilières. Bien qu’il risquait une peine maximale de 50 ans de prison, sa coopération étroite avec les autorités a été déterminante dans la clémence du tribunal. Les procureurs ont loué son attitude, le qualifiant de « témoin hautement coopératif ».
Lors de son audience, Wang a exprimé de profonds regrets pour son rôle dans l’effondrement de FTX, déclarant : « Je suis vraiment désolé pour tout le mal que j’ai causé. » Son avocat a souligné que Wang avait été l’un des premiers à coopérer avec les procureurs fédéraux, fournissant des informations essentielles sur le fonctionnement interne de FTX et la manière dont les fonds des clients avaient été détournés.
Après avoir quitté FTX, Gary Wang s’est consacré à l’utilisation de ses compétences en programmation pour le bien public. Il travaille actuellement sur le développement d’outils visant à détecter les fraudes sur les marchés boursiers et des cryptomonnaies. Ces outils serviront peut être dans la prévention de futures fraudes similaires à celle de FTX.
Les réactions de la communauté crypto
L’annonce des distributions imminentes aux créanciers et aux clients n’a pas manqué de susciter diverses réactions au sein de la communauté crypto. Si certains clients se réjouissent de récupérer une partie de leurs fonds, d’autres sont déçus par les modalités de remboursement. Selon le plan de réorganisation, la plupart des utilisateurs affectés recevront environ 119 % de la valeur en espèces de leurs dépôts d’il y a deux ans.
Cependant, les détenteurs de cryptomonnaies comme Bitcoin, Ethereum ou Solana ont vu la valeur de leurs actifs perdus augmenter considérablement depuis l’effondrement de FTX. Par exemple, Bitcoin était évalué à environ 20 000 $ en novembre 2022 et est en passe de faire x5 depuis. Mais les créanciers ne bénéficieront pas de cette incroyable appréciation, car les remboursements seront basés sur la valeur des actifs au moment de la faillite.
De fait, certains créanciers avaient exprimé le souhait de recevoir leurs remboursements en cryptomonnaies plutôt qu’en espèces. Toutefois, les représentants légaux de FTX ont expliqué que cela n’était pas possible, car l’entreprise ne disposait pas des actifs cryptographiques nécessaires. Pour effectuer des remboursements en nature, FTX devrait acheter d’importantes quantités de cryptomonnaies sur le marché, ce qui pourrait provoquer une volatilité excessive et affecter négativement le marché.
Vers la clôture d’un chapitre sombre de la finance
Le début des distributions aux créanciers arrive comme un soulagement dans la résolution de l’une des plus grandes faillites de l’histoire des cryptomonnaies. John Ray a déclaré :
« Nous sommes pleinement engagés à atteindre des accords avec nos agents de distribution et à restituer les fonds aux créanciers et aux clients le plus rapidement possible. »
L’affaire FTX restera sans doute gravée dans les annales comme l’une des plus grandes fraudes de l’histoire. Opérée par des escrocs en col blanc, elle a entraîné la perte de fonds de milliers d’investisseurs de toutes origines et de toutes tailles, des petits épargnants aux grands investisseurs institutionnels. Cette escroquerie massive est le fait d’individus sans scrupules, prêts à exploiter la confiance et l’enthousiasme suscités par de nouveaux marchés pour leur propre enrichissement.
Cependant, cette fraude n’est pas intrinsèquement liée au secteur des cryptomonnaies. Des scandales financiers de grande ampleur ont existé bien avant l’émergence des actifs numériques, affectant divers secteurs de la finance traditionnelle. Les escrocs derrière FTX auraient tout aussi bien pu opérer dans n’importe quel domaine financier, exploitant les failles du système et la vulnérabilité des investisseurs pour mettre en place un schéma de Ponzi sophistiqué.
L’effondrement de FTX ne doit donc pas être interprété comme une condamnation du secteur des cryptomonnaies dans son ensemble. Les cryptomonnaies continuent d’offrir des opportunités innovantes et de transformer le paysage financier mondial. Il est essentiel de distinguer les technologies et les opportunités légitimes des acteurs malveillants qui cherchent à en abuser.
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