Alors que l’économie française semblait à peine se relever des impacts de la crise engendrée par la gestion catastrophique du Covid, une question nous turlupine : 4 ans après, les entreprises ayant contracté un Prêt Garanti par l’État (PGE) seront-elles capables d’honorer leurs remboursements ?
Depuis l’instauration des PGE pour soutenir les entreprises durant ces années noires, la question de leur remboursement devient de plus en plus sensible.
Les premiers remboursements importants sont attendus pour 2026, et de nombreuses entreprises, surtout les petites et moyennes, éprouvent déjà des difficultés pour maintenir leur trésorerie. L’analyse des perspectives de remboursement des PGE, particulièrement dans les secteurs les plus fragilisés, révèle un challenge considérable pour les entreprises françaises, au moment où les conditions économiques sont loin d’être favorables.
Contexte paradoxal entourant les entreprises en 2020
Introduits en avril 2020, les PGE ont constitué la réponse du gouvernement face aux perturbations majeures engendrées par la gestion désastreuse du virus afin d’essayer de préserver le tissu économique français. En quelques mois, près de 700 000 entreprises ont bénéficié de ces prêts pour un total de 148 milliards d’euros, soit une part importante des ressources injectées par l’État pour éviter une vague de faillites provoquées à l’origine par des mesures jugées parfois « grotesques et dangereuses » pour les acteurs de l’économie. Cette aide fut particulièrement sollicitée dans les secteurs les plus touchés, comme le tourisme, la restauration, et les arts du spectacle, qui se sont retrouvés à l’arrêt en raison des restrictions sanitaires.
Ces prêts furent assortis de garanties de l’État, couvrant jusqu’à 90 % du montant emprunté, ce qui a encouragé les banques à accorder des prêts même aux entreprises qui auraient, en temps normal, eu des difficultés à accéder au crédit. Cependant, cette phase de soutien commence à prendre fin, et la période de remboursement est désormais engagée. Le Conseil d’Analyse Économique (CAE), qui suit de près la situation des TPE-PME françaises, souligne que pour certaines entreprises, le remboursement des PGE pourrait se transformer en une épreuve insurmontable si les conditions économiques ne s’améliorent pas rapidement à partir de maintenant.
Défaillances d’entreprises en hausse et pression sur les liquidités
Selon la Banque de France, entre août 2023 et juillet 2024, les défaillances d’entreprises ont augmenté de 25 % par rapport aux douze mois précédents, avec un total de 63 000 défaillances.
Ce chiffre dépasse de 6 % la moyenne annuelle observée entre 2010 et 2019, période marquée pourtant par la crise de la dette européenne et la récession. Ce retour des faillites a de nombreuses origines comme la fin des aides publiques, l’augmentation des coûts de l’énergie et des matières premières, ainsi que les difficultés d’approvisionnement provoquées par les mesures sanitaires. Ces facteurs ont finalement grevé directement les marges des entreprises, surtout des TPE et PME, et affectent leur capacité à générer les liquidités nécessaires pour rembourser les PGE.
Les secteurs les plus exposés sont ceux qui ont accumulé de fortes dettes pour survivre durant la crise, tels que l’hôtellerie-restauration et le tourisme, qui représentent à eux seuls 49,4 % des bénéficiaires de PGE. Ces entreprises font face à des contraintes supplémentaires, car elles peinent encore à retrouver leurs niveaux d’activité d’avant Covid.
Capacités d’autofinancement et dynamique de remboursement
La capacité des entreprises à rembourser leur PGE dépend de leur autofinancement, c’est-à-dire de leur aptitude à générer des surplus financiers suffisants pour absorber cette nouvelle charge. Et le CAE (Conseil d’Analyse Économique) révèle que près de 40 % des entreprises ayant souscrit un PGE rencontrent déjà des difficultés de trésorerie. Une partie des TPE-PME qui a contracté un PGE pourrait être amenée à étaler au maximum leurs remboursements, parfois sur dix ans, afin de maintenir leur viabilité.
Selon le CAE, les entreprises qui ont sollicité des PGE étaient souvent celles dont la situation financière était la plus fragile avant la crise. Ces entreprises, dont les liquidités étaient basses, ont été les plus touchées par la crise sanitaire et sont aussi celles qui disposent de marges de manœuvre limitées pour rembourser leurs dettes dans un contexte économique toujours incertain. À la mi-2024, il est estimé que 7,5 % des entreprises ayant contracté un PGE pourraient se retrouver en difficulté de remboursement, représentant 4 % du stock total des PGE initiaux. Si les conditions économiques ne s’améliorent pas, ce chiffre pourrait doubler, alertant sur un risque accru de défaillances d’entreprises à venir.
Mesures de soutien et restructurations possibles
Pour répondre à cette situation préoccupante, plusieurs banques envisagent des solutions de restructuration de la dette pour les entreprises en difficulté, notamment en allongeant la durée des remboursements ou en réduisant temporairement les montants dus. Cependant, même avec des échéanciers plus souples, de nombreuses PME risquent de se retrouver face à une crise de liquidités, surtout si les coûts de production continuent de grimper et si les conditions de financement restent restrictives en France.
Les professionnels de la restructuration observent déjà une « montée du niveau des eaux », avec un nombre croissant de PME engagées dans des négociations pour ajuster leurs dettes. Dans de nombreux cas, la restructuration vise non seulement à éviter l’incapacité de paiement mais également à préserver la compétitivité des entreprises. Cette situation est d’autant plus critique pour les entreprises dont le ratio PGE/chiffre d’affaires est élevé, car elles peinent à générer les flux de trésorerie nécessaires pour couvrir leurs charges financières sans compromettre leurs capacités d’investissement et de croissance future.
L’économie française sur le fil du rasoir
La perspective d’une augmentation des faillites pose des risques importants pour l’économie française. Si les défaillances d’entreprises continuent de croître à ce rythme, cela pourrait engendrer une vague de chômage supplémentaire et affaiblir la dynamique économique globale, surtout dans les secteurs déjà vulnérables. Les économistes alertent également sur le fait que le remboursement des PGE pourrait entraîner des difficultés financières pour les banques elles-mêmes si les pertes sur ces prêts garantis deviennent substantielles.
Par ailleurs, la situation géopolitique et les crises énergétiques successives accentuent la pression sur les entreprises. Les mesures de confinements, les conflits à travers la planète et les tensions commerciales ont non seulement augmenté les coûts des matières premières mais aussi complexifié les chaînes d’approvisionnement, freinant ainsi la reprise de nombreuses entreprises.
Si les perspectives économiques ne s’améliorent pas, les premières échéances de remboursement en 2026 pourraient coïncider avec une période de ralentissement économique et il semble impératif de renforcer les politiques d’appui aux PME et TPE, afin de leur permettre de traverser cette période délicate et maintenir leur rôle de moteur de l’économie française. Allégeons enfin le poids qui freine nos entreprises et entrepreneurs : réduisons les charges, les taxes et les impôts qui les étouffent et réduisons le coût du travail en France, il en va de la survie du pays.
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