En cette dernière semaine d’octobre, le gouvernement dirigé par Michel Barnier est sur le point d’engager, une fois de plus, la responsabilité de son équipe sur le Budget 2025. Et, comme un refrain qu’on connaît trop bien, le spectre de l’article 49.3 plane à nouveau au-dessus de l’Assemblée nationale, menaçant de faire taire le débat démocratique. Tout cela, bien sûr, pour s’aligner sur Bruxelles et ses technocrates, sans égard pour la volonté populaire qui ne semble pas en phase avec ces mesures extrêmes, c’est peu de le dire.
Et en effet, le Projet de Loi de Finances 2025 s’annonce chargé en réformes fiscales. Parmi les mesures phares :
- la « flat tax » sur les revenus du capital pourrait passer de 30% à 33%, avec maintien des prélèvements sociaux à 17,2% et une hausse de l’impôt sur le revenu à 15,8%.
- Côté immobilier, la revente de votre résidence principale (RP) ne sera plus exonérée si vous détenez le bien depuis moins de cinq ans, et les abattements pour durée de détention disparaîtront.
- En plus, un impôt universel pourrait faire payer la différence de fiscalité pour ceux qui envisagent de s’exiler dans des paradis fiscaux moins gourmands.
- Les hauts revenus se verront imposer un taux minimum de 20%, tandis que les grandes entreprises, générant plus d’un milliard d’euros en France, subiront une surtaxe pouvant atteindre 41,2%.
- Enfin, les acteurs de la crypto devront fournir plus de transparence avec un renforcement des obligations de déclaration.
Le 49.3 : l’arme fatale du gouvernement
Rien de nouveau sous le soleil. Quand un gouvernement est en difficulté, incapable de rassembler une majorité solide ou de convaincre son propre camp, il sort de sa boîte magique l’article 49.3 de la Constitution. Cet outil, qu’on pourrait qualifier de joker, permet de faire passer un texte sans débat parlementaire, tout en évitant le vote des députés. Il faut dire que cette procédure, qui neutralise toute opposition, s’est transformée en véritable tradition politique sous la Cinquième République et plus particulièrement depuis 7 ans.
En 2024, le nouveau gouvernement Barnier n’échappe pas à cette tendance. Incapable de faire accepter son budget, il se prépare donc à l’imposer de force. Et pourquoi ? Parce qu’il faut bien satisfaire les exigences européennes qui, depuis des décennies, dictent les grandes lignes des politiques budgétaires des États membres. Que ces choix aillent à l’encontre des aspirations du peuple français semble être un détail.
Un budget dicté par Bruxelles
Difficile de ne pas voir l’influence omniprésente de Bruxelles dans les décisions prises par le gouvernement français. Sous prétexte de respecter les critères de déficit budgétaire imposés par l’Union européenne, le gouvernement Barnier semble prêt à tout. Ces fameuses règles du déficit public, fixées à 3 % du PIB, sont devenues une obsession pour chaque ministre des Finances français qui se succède. Et bien sûr, le Budget 2025 ne déroge pas à la règle.
Les ajustements budgétaires qui s’annoncent pour 2025 sont directement liés aux recommandations de la Commission européenne. Il ne faut surtout pas que la France dépasse les limites fixées, sous peine de se faire taper sur les doigts par nos amis de Bruxelles. Peu importe si ces décisions ne reflètent pas la réalité économique ou sociale du pays. Peu importe si les citoyens français croulent déjà sous les impôts, les taxes, et les restrictions budgétaires.
Ce qui compte, c’est de satisfaire des critères fixés à des centaines de kilomètres de là, dans des bureaux feutrés.
Michel Barnier, entre l’enclume et le marteau
Michel Barnier, fidèle serviteur des institutions européennes avant de redevenir un acteur de la politique nationale, n’est pas étranger à ce genre de pressions. Ancien commissaire européen, il a longtemps côtoyé les rouages de l’Union européenne. Il est donc peu surprenant de voir qu’aujourd’hui, en tant que Premier ministre, il applique avec zèle les consignes de Bruxelles.
Mais quel est le coût de cette obéissance aveugle ?
Le peuple français a déjà exprimé son mécontentement à plusieurs reprises face aux réformes austères qui s’enchaînent depuis des années. À chaque élection, les abstentions et les votes de protestation augmentent, et pourtant, les politiques mises en place semblent de plus en plus déconnectées des préoccupations des citoyens. Le recours au 49.3, si souvent décrié, est devenu un symbole de cette déconnexion entre les élites politiques et la population.
La démocratie sacrifiée sur l’autel de l’efficacité
Sous couvert d’efficacité, ce gouvernement, comme tant d’autres avant lui, se prépare à passer outre la voix du peuple et de ses représentants. Le débat parlementaire, pourtant un pilier de la démocratie, devient secondaire lorsqu’il s’agit de faire passer un budget jugé prioritaire par les instances européennes. Il faut aller vite, ne pas perdre de temps en discussions. Après tout, qu’est-ce qu’une poignée de députés comparée aux « grands enjeux économiques » ?
Certains diront que le 49.3 est une arme nécessaire pour éviter les blocages politiques et garantir une certaine stabilité. Mais à force de l’utiliser, le risque est grand de tuer le peu de confiance qui reste encore dans les institutions. Chaque fois qu’il est dégainé, l’impression que les décisions se prennent en coulisse, loin des citoyens, se renforce. Et, naturellement, l’opposition crie au scandale, sans pourtant réussir à renverser la vapeur.
Les sacrifices des Français : impôts, réductions de budget et privations
Alors que Bruxelles applaudit les efforts du gouvernement pour donner l’illusion de maintenir la France dans les clous budgétaires, ce sont les citoyens qui paient la note. L’augmentation des impôts sur les classes moyennes et populaires est devenue la norme. Le projet de réintroduire l’impôt sur la fortune (ISF), la taxation accrue des plus-values sur les cryptomonnaies, ainsi que des coupes drastiques dans les budgets de la santé et de l’éducation sont quelques exemples de ce programme réjouissant.
Mais qui en profite réellement ? Certainement pas ceux qui peinent à boucler leurs fins de mois.
Pendant que les ministres jonglent avec des milliards, une grande partie des Français voient leur pouvoir d’achat se réduire. Et le pire dans tout cela, c’est qu’il semble que ce soit pour la « bonne cause », celle de respecter des engagements européens qui, dans les faits, ne bénéficient qu’à une poignée de privilégiés.
Quelle alternative pour le peuple ?
Face à cette situation, la question qui se pose est la suivante : que reste-t-il comme alternatives pour le peuple français ? Les grèves et les manifestations se multiplient, mais elles semblent avoir de moins en moins d’impact sur les décisions politiques. À chaque mouvement social, le gouvernement serre les dents, joue la montre et finit par imposer sa volonté, quitte à en payer le prix en termes de popularité.
Pourtant, le mécontentement grandit et les électeurs se tournent vers des options plus catégoriques pour exprimer leur ras-le-bol. Mais ces choix, pour l’instant, n’ont pas réussi à changer la donne. Le recours à des outils comme le 49.3 ne fait qu’aggraver la frustration et l’impression que le système politique français est à bout de souffle.
Ce qui frappe dans toute cette histoire, c’est l’impression que Paris n’est plus maître de son propre destin. L’indépendance budgétaire semble être un lointain souvenir, tant les directives européennes influencent les choix des gouvernements successifs. Les dirigeants français sont-ils devenus des simples exécutants des volontés de Bruxelles ? On pourrait bien le penser. À force de se plier aux exigences européennes, la France sacrifie une partie de sa souveraineté, et avec elle, la confiance de ses citoyens.
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