Le réseau social X, anciennement connu sous le nom de Twitter, continue de remanier sa stratégie de monétisation des créateurs de contenu sur sa plateforme. Elon Musk, propriétaire de l’entreprise, a récemment annoncé une mise à jour majeure du programme de partage des revenus destiné aux créateurs, changeant totalement la manière dont ceux-ci gagnent de l’argent. Au lieu de rémunérer les créateurs sur la base des publicités affichées dans les réponses à leurs publications, X adopte désormais une approche centrée sur l’engagement des utilisateurs Premium. Ce changement promet de modifier la relation entre les créateurs et leurs abonnés payants, tout en soulevant des interrogations quant à l’impact réel de ce modèle.
X : Le rôle central des abonnés Premium
Jusqu’à récemment, le programme de monétisation de X fonctionnait sur un modèle assez classique : les créateurs étaient rémunérés en fonction du nombre de publicités vues par les abonnés Premium dans les réponses à leurs posts.
Cependant, dès le 8 novembre 2024, ce modèle sera abandonné au profit d’une rémunération basée sur l’engagement direct des utilisateurs Premium. Concrètement, les créateurs recevront de l’argent chaque fois qu’un abonné Premium interagit avec leur contenu, que ce soit par le biais de réponses, de partages, ou de likes.
Le principal avantage de ce changement réside dans la suppression de la dépendance aux publicités, qui représentait une contrainte pour de nombreux créateurs. Désormais, même si un contenu ne comporte aucune publicité, il peut toujours générer des revenus si les abonnés Premium interagissent avec celui-ci. Cela offre une plus grande flexibilité aux créateurs pour produire du contenu sans être liés à la performance des publicités.
L’engagement des utilisateurs Premium devient la clé du nouveau programme de partage des revenus. Pour rappel, X propose différents niveaux d’abonnement Premium, allant de 9,58€ pour le Premium classique à 20,83€ par mois pour le Premium+. Les abonnés de ces services bénéficient de divers avantages tels qu’une diminution des publicités, un boost des réponses dans les discussions, et l’accès à certaines fonctionnalités exclusives comme l’IA Grok.
Avec la nouvelle politique, l’abonnement Premium ne sert plus seulement à obtenir des privilèges sur la plateforme, mais devient un levier de soutien direct aux créateurs. Plus les abonnés Premium interagissent avec le contenu, plus les créateurs gagnent d’argent. La plateforme a également prévu que les interactions provenant des abonnés Premium+ vaudront davantage, amplifiant ainsi les gains pour les créateurs attirant ces utilisateurs.
Vers un risque de dérive sur le nouveau Twitter ?
Bien que cette nouvelle politique de rémunération basée sur l’engagement puisse sembler séduisante pour les créateurs, elle n’est pas exempte de critiques. Plusieurs observateurs soulignent en effet qu’elle pourrait encourager des comportements indésirables, notamment une recrudescence des publications axées sur la viralité à tout prix.
Avec l’ancien modèle de rémunération, les créateurs devaient publier du contenu de qualité susceptible d’attirer des réponses et des vues, tout en espérant que des publicités y soient intégrées. Dorénavant, la clé est de maximiser les interactions avec les abonnés Premium, même si cela signifie publier des contenus engageant mais sans réelle valeur ajoutée.
La multiplication de questions ouvertes, de sondages ou de posts clickbait pourrait donc devenir une norme, dans le seul but de générer un maximum de réponses et, par conséquent, des revenus supplémentaires.
Certaines voix s’élèvent déjà contre ce qu’elles perçoivent comme une « foire au spam » imminente sur X, où la qualité du contenu pourrait être sacrifiée au profit de la quantité d’interactions. Les créateurs peu scrupuleux pourraient exploiter ce système pour gonfler artificiellement leurs revenus en poussant les abonnés Premium à interagir sur des sujets superficiels ou polémiques.
Les créateurs sur X poussés à attirer des abonnés Premium
Outre le risque d’engagement artificiel, une autre conséquence directe de ce nouveau système est la pression croissante sur les créateurs pour qu’ils incitent leurs abonnés à souscrire à X Premium. En effet, seul l’engagement des abonnés Premium est comptabilisé dans le cadre de ce programme. Ainsi, les créateurs ne pourront espérer des revenus substantiels que s’ils réussissent à transformer leur audience gratuite en abonnés payants.
Ce modèle pourrait, à terme, s’apparenter à une sorte de schéma pyramidal, où chaque créateur tente de convaincre son audience de souscrire à X Premium pour augmenter ses revenus, tout en espérant que ces nouveaux abonnés soutiendront à leur tour d’autres créateurs. La rentabilité de ce système dépendra largement de la capacité de X à élargir sa base d’abonnés Premium, actuellement estimée à environ 2 millions d’utilisateurs.
Une solution face au boycott de X de la part de certains annonceurs publicitaires ?
Le pivot de X vers une rémunération centrée sur les abonnés Premium n’est pas anodin. Il survient dans un contexte où la plateforme peine à maintenir ses revenus publicitaires depuis que de nombreux annonceurs aient décidé de boycotter le réseau social suite à la décision de Musk de soutenir la liberté d’expression.
Rappelons d’ailleurs à ce sujet que Elon Musk a remporté une victoire juridique face à un groupe d’annonceurs qui avaient choisi de boycotter la plateforme X.com, protestant contre les décisions prises après son rachat de l’entreprise. Ces annonceurs estimaient que les changements apportés à la politique de modération et au contenu de la plateforme nuisaient à leur image de marque. Musk, défendant sa gestion, a contesté ce boycott en justice, arguant que la liberté d’expression était au cœur de ses réformes. Et le verdict a finalement validé la position de Musk.
Ce groupe d’annonceurs était composé de grandes entreprises telles qu’Unilever, Mars, CVS Health, ainsi que la compagnie énergétique danoise Orsted, entre autres. Ces annonceurs faisaient partie de la World Federation of Advertisers, une organisation mondiale de l’industrie publicitaire, et ont été accusés par Musk de s’être illégalement concertés pour organiser un boycott de la plateforme après son acquisition en 2022
En déplaçant la charge financière vers les utilisateurs Premium, X cherche probablement à compenser cette baisse de revenus publicitaires. En d’autres termes, la plateforme espère que l’argent collecté via les abonnements Premium pourra en partie remplacer les revenus publicitaires en déclin.
Cependant, cette stratégie repose sur un pari : celui d’attirer un nombre croissant d’abonnés prêts à payer pour des fonctionnalités exclusives et à soutenir les créateurs.
Une opportunité pour les créateurs de contenu avec Elon Musk ?
Malgré les critiques, ce nouveau modèle de rémunération offre également de belles opportunités pour les créateurs capables de tirer parti de l’engagement de leur communauté Premium. Avec la promesse de recevoir jusqu’à 25 % des paiements des abonnements Premium, les créateurs peuvent espérer une rémunération plus stable et potentiellement plus élevée qu’auparavant, à condition que X parvienne à maintenir, voire à augmenter, son nombre d’abonnés payants.
Cette évolution pourrait notamment bénéficier aux créateurs les plus influents, capables de mobiliser une large communauté d’abonnés Premium. Ces derniers pourraient se retrouver au cœur d’un cercle vertueux, où leur contenu engageant attire des abonnés payants, augmentant ainsi leurs revenus, tout en renforçant l’attrait de X Premium pour de nouveaux utilisateurs.
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