En France, la question du prix de l’électricité suscite de vives préoccupations, d’autant plus que des études récentes prévoient une flambée des coûts pour les ménages dans les années à venir. Selon l’Union Française de l’Electricité (UFE), l’augmentation des tarifs de l’électricité pourrait atteindre 900 à 1000 euros par an d’ici 2026, un chiffre qui alerte sur les enjeux économiques et sociaux à venir. Cette hausse ne concerne pas seulement l’électricité, mais également d’autres sources d’énergie comme le fioul, l’essence et le gaz. Plusieurs facteurs sont mis en avant pour expliquer cette augmentation, dont le marché européen de l’électricité et les objectifs environnementaux imposés par l’Union Européenne (UE).
Electricité : Un sursis temporaire en 2025
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est intéressant de retenir que le prix de l’électricité pourrait connaître une accalmie en 2025. Des projections suggèrent même une légère baisse des tarifs au cours du premier semestre de cette année. Cependant, cette baisse risque d’être de courte durée.
Dès 2026, les ménages français pourraient être frappés par une augmentation significative de leurs factures d’électricité. L’UFE, en collaboration avec le cabinet Columbus Consulting, met en garde contre cette hausse imminente. Les causes ? Des mécanismes complexes liés à la politique énergétique française et européenne.
Au centre de cette hausse prévue se trouvent les certificats d’économie d’énergie (CEE). Introduits en 2005, ces certificats ont été conçus pour encourager les fournisseurs d’énergie à réduire la consommation d’électricité, de fioul et de gaz. Ils constituent une sorte de « monnaie énergétique », qui oblige les fournisseurs à prouver leurs efforts de réduction de consommation. En échange de ces efforts, ils bénéficient de compensations financières. Pourtant, leur efficacité suscite aujourd’hui de vraies questions, voire des doutes.
En effet, mesurer l’impact réel des CEE demeure une tâche délicate. La Cour des comptes a récemment critiqué ce dispositif, estimant son surcoût à 164 euros par an pour les ménages. Avec les objectifs européens de réduction des émissions de CO2, la situation risque de s’aggraver. D’ici 2026, le coût associé aux CEE pourrait être multiplié par cinq, portant la charge annuelle des ménages à près de 900 euros supplémentaires. L’impact des CEE se fait déjà ressentir, les factures d’électricité ayant subi une hausse d’environ 4 % due à ces certificats, soit environ 200 euros par an.
La transition énergétique et ses coûts
L’une des causes principales de l’augmentation prévue des tarifs de l’électricité réside dans les objectifs ambitieux de l’Union Européenne en matière de transition énergétique.
L’UFE souligne l’importance des nouvelles cibles de réduction des émissions de CO2 que la France s’est engagée à respecter avec ses partenaires européens. Selon les accords actuels, les émissions devront être réduites de 55 % d’ici 2030, avec un objectif de neutralité carbone d’ici 2050. Cette transition a un coût non négligeable qui se transformera en une charge de plus en plus insupportable pour les français.
Les mesures mises en place pour atteindre ces objectifs de décarbonisation s’accompagnent d’investissements massifs dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Ces dépenses sont inévitablement répercutées sur les factures des consommateurs. Ainsi, l’UFE et Columbus Consulting estiment que ces investissements pourraient entraîner une augmentation des coûts annuels de l’électricité pour les ménages français, d’environ 900 à 1000 euros d’ici 2026.
Toutes les énergies concernées par la hausse des prix
La flambée des prix ne se limite pas uniquement à l’électricité.
Le gaz, le fioul et l’essence, soumis à des mécanismes similaires de réduction des émissions et de transition énergétique, voient également leurs coûts grimper. La diversification des sources d’énergie et la nécessité d’adapter les infrastructures pour intégrer les énergies renouvelables ont un impact sur l’ensemble des filières énergétiques.
Selon le cabinet Columbus Consulting, les politiques énergétiques européennes et nationales risquent de provoquer une « ruine totale » pour des millions de ménages si elles ne sont pas accompagnées de mesures d’accompagnement adéquates.
Les certificats d’économie d’énergie en première ligne
Les CEE, initialement conçus comme une incitation à la réduction de la consommation énergétique, sont aujourd’hui au centre du débat.
Le coût de ces certificats pèse de plus en plus lourd sur les factures des ménages, et comme déjà rapporté ci-dessus, la Cour des comptes estime que le surcoût induit par ces certificats atteint actuellement 164 euros par an pour chaque ménage. Face à ces chiffres, l’UFE appelle à une réforme en profondeur du système.
D’une part, pour clarifier les bénéfices réels des CEE. D’autre part, pour éviter que leur coût n’explose dans les prochaines années. Sans une telle réforme, l’augmentation pourrait atteindre des niveaux insoutenables pour les foyers français.
Faut-il sortir du marché européen de l’électricité ?
Face à cette hausse programmée des prix, une question se pose : les Français auraient-ils intérêt à sortir du marché européen de l’électricité ?
Ce marché unique, basé sur la mise en concurrence des fournisseurs d’énergie et l’interconnexion des réseaux nationaux, a ses avantages, notamment en matière de sécurité d’approvisionnement. Cependant, il contribue également à la volatilité des prix, dépendant en grande partie des variations des marchés internationaux. Certains experts estiment qu’une sortie du marché européen pourrait permettre à la France de mieux contrôler ses tarifs, en se basant sur ses propres sources d’énergie, notamment le nucléaire.
L’UFE, tout en alertant sur la hausse inévitable des prix, insiste sur l’urgence d’une réforme du système en place. La transition énergétique ne doit pas se traduire par une charge insoutenable pour les ménages. Le cabinet Columbus Consulting rejoint cette analyse, préconisant une meilleure coordination entre les acteurs du marché énergétique et une évaluation rigoureuse des dispositifs comme les CEE. Sans une réforme ambitieuse, les projections de l’UFE pourraient bien devenir la réalité de millions de Français, pour qui l’électricité et les autres sources d’énergie deviendraient de plus en plus inabordables.
Connexe : Avis TotalEnergies : La solution pour réduire sa facture énergétique ?