Plus d’un an après la crise bancaire majeure aux États-Unis, le secteur bancaire chinois est en train de traverser une crise silencieuse. En seulement une semaine, 40 banques rurales ont disparu du paysage financier en étant absorbées par de plus grandes institutions. Le point sur cet effondrement qui risque de secouer l’économie mondiale.
Les petites banques chinoises tombent une par une
Le système bancaire de la Chine est assez spécifique :
- De petites institutions financières irriguent l’économie locale. Le paysage financier du pays est fait de plus de 3 800 petites banques rurales,
- Cette part représente 13% de l’ensemble du système bancaire,
- Selon la presse, ces institutions détiennent environ 55 000 milliards de yuans (l’équivalent de 7 500 milliards de dollars),
- Elles ont un rôle primordial dans le financement du développement local et des petites entreprises.
Cependant, il a été révélé récemment que plusieurs de ces petites banques rurales chinoises enregistraient jusqu’à 40% de prêts non performants. Cette situation précaire s’explique notamment par une forte exposition à la crise immobilière. En effet, ces institutions ont prêté massivement aux gouvernements locaux et aux promoteurs immobiliers. Pourtant, la Chine fait actuellement face à un fort ralentissement des ventes et à une offre importante de logements. Cette vulnérabilité est aussi le fruit d’une mauvaise gestion chronique et de fraudes à grande échelle. Puisque l’avenir de ces banques s’annonce aujourd’hui incertain, c’est tout le système bancaire rural qui est en péril.
Pékin lance diverses stratégies pour gérer la crise
Face à cette crise qui progresse lentement, les autorités chinoises se sont lancées dans une opération de sauvetage. D’abord, elles ont choisi une approche prudente en recapitalisant progressivement les banques en difficulté au cours de ces dernières années. Cette stratégie a vu la participation des gouvernements locaux qui ont émis des obligations spéciales. Une partie des fonds a été consacrée à la remise à flot des caisses des banques régionales. Mais d’après les médias, cette manœuvre s’est vite révélée insuffisante :
- L’année dernière, les fonds injectés dans ces établissements s’élevaient à seulement 218 milliards de yuans (soit l’équivalent de 30 milliards de dollars). Ce montant ne représente que 1% des actifs pondérés du risque.
- Dans la province du Liaoning, qui figure parmi les plus proactives du pays, les résultats sont restés limités. Pourtant, 17% du produit de ses obligations spéciales ont été consacrés au sauvetage des banques entre 2020 et 2024.
Absorption de 40 banques rurales pour stabiliser le secteur financier en Chine
Contraint de chercher une solution durable en urgence, Pékin a préféré privilégier la stratégie de consolidation bancaire. Pour stabiliser la situation, l’idée consiste à :
- fusionner les banques problématiques avec d’autres,
- ou à les faire racheter par des entités qui sont plus grandes et plus stables.
Cette approche s’illustre par la récente mise en place de la Liaoning Rural Commercial Bank. En seulement une semaine et en une seule opération, 36 petites banques en difficulté de la province du Liaoning ont disparu du paysage financier chinois en étant absorbées. Face à cette stratégie, les réactions des experts sont mitigées. Ses partisans parlent d’une meilleure efficacité de la surveillance du secteur bancaire, compte tenu du nombre réduit d’institutions à superviser. Théoriquement, le contrôle des régulateurs sera ainsi plus strict en prévention des dérives. De leur côté, les critiques soulignent les limites de cette approche en la qualifiant de tour de passe-passe pour dissimuler le problème.
Toujours est-il que la situation demeure malheureusement incertaine, malgré les différentes stratégies des autorités chinoises pour tenter de stabiliser le secteur. Selon les médias, la réforme bancaire de l’Empire du Milieu reste un défi titanesque.