Au cours d’une conférence de presse conjointe au palais Schloss Meseberg en Allemagne mardi 28 mai dernier, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont appelé à la création d’un produit d’épargne européen.
Pourquoi ce projet lancé en 2014 et qui n’a jamais abouti refait surface ?
Pourquoi la France et l’Allemagne appellent à la création d’un produit d’épargne européen ?
10 ans après le lancement du projet de « produit d’épargne retraite européen », la France et l’Allemagne appellent aujourd’hui les États de l’UE qui le souhaitent à créer une solution d’épargne européenne.
L’objectif est de mobiliser les capitaux privés pour stimuler la croissance économiques.
Pour justifier leur souhait, Macron et Scholz évoquent plusieurs arguments :
- Des centaines de milliards d’euros s’échappent du sol européen pour être investis aux États-Unis, faute d’instruments adéquats,
- Dans l’Union européenne, les marchés de capitaux sont fragmentés entre les 27 pays membres,
- Alors que des propositions sont discutées depuis des années au sein de l’UE afin de bénéficier d’effets d’échelle similaires au marché américain, les débats peinent à aboutir en raison des intérêts divergents au sein des États membres.
Il y a plusieurs mois, le ministre français de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire avait déjà relancé l’idée d’un produit d’épargne européen dans le cadre d’une union des marchés de capitaux.
Qu’est-il advenu du produit d’épargne retraite européen ?
L’idée d’un produit d’épargne paneuropéen n’est pas tout à fait nouvelle, comme le rappelle justement FranceTransaction sur un billet publié récemment. En 2019, le Pan European Personal Pension Product (PEPP) a été créé afin de répondre à plusieurs objectifs :
- Un produit d’épargne retraite long terme canaliserait l’épargne des Européens qui dort sur des comptes bancaires à court terme en Europe ou qui existe sous forme de liquidités. D’ailleurs, les ménages de l’Union font partie de ceux qui épargnent le plus au monde.
- Un tel produit d’investissement facultatif apporterait des avantages à l’économie et aux personnes qui profiteraient aussi bien de meilleurs rendements que d’une meilleure retraite,
- Le renforcement des investissements dans les marchés de capitaux pourrait contribuer à relever les défis posés par la faiblesse des taux d’intérêt et le vieillissement de la population.
Mais jusqu’ici, le succès n’est pas au rendez-vous pour le PEPP. Sa distribution est perturbée par une fiscalité et une tarification qui ne sont pas harmonisées entre les États membres. De leur côté, les fournisseurs se montrent peu intéressés.
Quel fonctionnement a été prévu pour le PEPP ?
Le PEPP est une solution d’épargne retraite complémentaire particulièrement attractive pour les travailleurs indépendants et les expatriés qui sont toujours plus nombreux dans l’Union. Ce produit se caractérise par sa simplicité, sa flexibilité et sa rentabilité :
- Il est ouvert à toute personne qui cherche à épargner en vue de sa retraite. L’épargnant peut être salarié, sans emploi, jeune actif, en formation, retraité ou encore travailleur qui ne participe pas aux régimes de retraite.
- Il est transférable d’un État à l’autre au sein de l’UE,
- Afin de garantir sa rentabilité, les frais de gestion sont plafonnés à 1% du capital accumulé. Les frais de transfert sont limités à 0,5%,
- La sortie est au choix : en capital, en rente ou un mixte des deux.
Des doutes et craintes sur ce projet…
Face à ce projet qui pourrait menacer l’épargne des Français, beaucoup d’économistes et experts en investissement lancent des alertes.
Et si cette idée était liée à la proposition émise par M. Attal de taxer les rentes ou revenus de l’épargne des concitoyens ? Beaucoup se posent cette question et font le lien entre ces deux éléments.
On peut se demander ce que nous réserve le gouvernement ?
Sur X, l’essayiste et entrepreneur Tom Benoit parle d’un tour d’adresse qui va permettre à la BCE de secourir, entre autres, les finances publiques françaises. En contrepartie, les contrats qui seront financés par l’épargne privée des Européens vont profiter à des sociétés allemandes. Pour ce spécialiste de la géopolitique, nos démocraties libérales sont en train de s’effondrer. En Europe, l’avenir s’annonce sombre si un virage n’est pas pris.