Les règles de l’assurance-chômage vont se durcir davantage. Le Premier ministre Gabriel Attal annonce de nouvelles mesures qui sont censées favoriser le plein emploi. Les syndicats les qualifient déjà d’absurdes et violentes. Explications.
Quels sont les changements apportés à l’assurance-chômage ?
L’assurance-chômage va de nouveau subir une réforme. Dimanche 26 mai dans la Tribune, le chef du gouvernement dévoile les nouvelles règles qui sont un peu plus dures :
- Dans les conditions actuelles de taux de chômage qui se maintient en dessous de 9%, la durée d’indemnisation sera abaissée à 15 mois au lieu de 18 mois pour les chômeurs de moins de 57 ans.
- Pour être indemnisé, il faudra avoir travaillé au moins 8 mois au cours des 20 derniers mois, contre 6 mois sur les 24 derniers mois aujourd’hui,
- L’âge à partir duquel un sans emploi pourra profiter d’une indemnisation plus longue passera à 57 ans, contre 53 actuellement. Sa durée sera également limitée à 22,5 mois au lieu de 27.
- En contrepartie de ces nouvelles contraintes pour les séniors, un bonus emploi sera créé. Cette aide financière compensera la reprise d’un emploi moins bien rémunéré que l’emploi précédent. Pendant un an, il est possible de cumuler le nouveau salaire avec l’allocation chômage afin de retrouver la rémunération initiale.
Les médias précisent que ces nouvelles règles vont s’appliquer à compter du 1er décembre 2024.
Pourquoi les syndicats qualifient cette réforme de l’assurance chômage d’absurde ?
Aussitôt dévoilée, la réforme est aussitôt qualifiée d’absurde et violente par les syndicats. Les arguments rapportés par la presse sont nombreux :
- La durée d’indemnisation est trop courte. Alors que 22% des sans-emplois mettent plus d’un an pour retrouver du travail, ce nouveau délai ne suffit pas pour faire une formation, reconstruire un projet professionnel et retrouver du travail,
- Déjà que les derniers chiffres de l’Unédic démontrent que seule la moitié des demandeurs d’emploi inscrits à France Travail touche des allocations, les dépenses seront encore réduites de 10%, soit 3 fois plus que les précédentes. L’État, qui ne cite aucune étude d’impact, chercherait donc à faire des économies sur le dos des 185 000 chômeurs par an qui sont écartés du droit à allocation.
- Même si la réforme concerne tous les demandeurs d’emploi, les plus pénalisés seront les plus précaires et les travailleurs aux contrats courts, à savoir les salaires les plus faibles, les intérims, les fins de CDD et les jeunes de moins de 25 ans. Puisque le seuil d’affiliation passe de 6 à 8 mois, leurs droits seront encore réduits.
- Le durcissement des règles va pousser les personnes qualifiées à retourner plus vite à l’emploi en acceptant un emploi moins qualifié et moins durable. Ces personnes vont tout simplement prendre des emplois qui auraient pu bénéficier à d’autres qui sont moins qualifiées.
Quel est l’intérêt pour l’État de durcir les règles de l’assurance-chômage ?
Pour le locataire de Matignon, cette nouvelle réforme contribue à l’atteinte de plusieurs objectifs :
- Économiser 3,6 milliards d’euros : il faut bien faire quelque chose face à la dette colossale que la France cumule à la suite de mauvaises décisions économiques.
- Aller vers le plein emploi à l’horizon 2027 : actuellement, le taux de chômage s’établit à 7,5%. Pour y arriver, il est donc nécessaire d’inciter les gens à changer leur comportement de recherche et à sortir plus tôt du chômage. Les précédentes réformes ont déjà permis de créer 2,5 millions d’emplois. Ces nouvelles mesures devraient alors inciter plus de 90 0000 Français à retourner au travail.
Mais face à cette réforme qualifiée de nouvelle casse de l’assurance-chômage, les syndicats entendent utiliser tous les moyens militants et juridiques pour démontrer son absurdité et empêcher sa mise en œuvre.