Inflation, hausse des taux d’intérêt, conflits mondiaux… les tumultes économiques de l’année 2023 n’ont pas été sans conséquences du côté des sociétés françaises. Une étude du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce (CNGTC) parle d’une instabilité face à des crises multifactorielles.
Quel est le bilan ? Qui sont les départements en difficulté et ceux qui ont su tirer leurs épingles du jeu ?
Un recul des créations d’entreprises en France
Dans son dernier bilan daté du 24 avril et rapporté par les médias, le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce relève une contraction de la création d’entreprise en France en 2023 :
- Le Registre du Commerce et des Sociétés de France (hors Alsace et Moselle) a enregistré 542 231 nouvelles immatriculations. Par rapport à 2022, les créations d’entreprises à l’échelle nationale sont en repli de 5,4%.
- L’Île-de-France reste la région qui compte le plus de nouvelles immatriculations d’entreprises. Elle concentre près de 30% des sociétés nouvellement créées l’an passé. En totalisant plus d’un dixième des créations de nouvelles entités, la région Provence-Alpes-Côte-d’azur continue également d’être attractive. De leurs côtés, les territoires ultramarins, notamment la Guyane, la Réunion et Mayotte enregistrent une bonne performance.
- À l’inverse, certaines régions ont lâché du lest. La CNGTC cite en particulier l’Occitanie (-0,3 points) et la Nouvelle-Aquitaine (-0,3 points).
- Des disparités importantes sont notées à l’intérieur même des régions. À titre d’exemple, la région Pays de la Loire est la plus durement affectée avec une régression de 13% de la création de nouvelles structures. Alors que les départements Vendée et Mayenne sont particulièrement touchés, celui de la Sarthe s’en sort avec brio.
Selon les greffiers, la distribution des créations de sociétés est liée au poids économique relatif de chaque région. Les territoires qui s’en sortent mieux sont ceux qui savent attirer les secteurs présentant une certaine robustesse face aux secousses macroéconomiques.
Une explosion du nombre de procédures collectives
Visiblement, les tribunaux de commerce ont eu du pain sur la planche durant l’année écoulée. Les données du CNGTC indiquent une hausse importante des procédures collectives :
- Le nombre de procédures de sauvegarde, de redressements judiciaires et de liquidations judiciaires a dépassé la barre des 50 000 en 2023. D’une manière générale, l’augmentation est de 35% comparée à l’année d’avant. Ce taux a bondi de 40% dans les activités immobilières et dans l’hébergement-restauration.
- Plus de la moitié des procédures concernent trois grands secteurs que sont le commerce (23%), la construction immobilière (19,9%) et l’hôtellerie-restauration (14,9%).
- Cette déferlante n’a épargné aucun territoire. Le nombre des procédures explose dans tous les départements, à l’exception de la Meuse et de l’Aine. La hausse est même supérieure à 50% dans les départements Corse du Sud, Aveyron, Haute-Garonne, Doubs, Hautes-Pyrénées, Hauts-de-Seine, Haute-Loire, Indre-et-Loire, Mayotte, Landes, Réunion, Puy-de-Dôme et Territoire de Belfort.
Pour le CNGTC, cette explosion des procédures collectives s’explique notamment par les difficultés du marché de l’immobilier et l’arrêt des aides exceptionnelles accordées par l’État aux entreprises durant la pandémie.
Un léger repli du nombre de radiations d’entreprises françaises
Le bilan 2023 du CNGTC n’est pas totalement négatif :
- À l’échelle de l’Hexagone, les statistiques indiquent que les radiations sont globalement satisfaisantes. Leur nombre baisse largement après une légère hausse en 2022.
- Entre 2022 et 2023, de rares régions ont enregistré une croissance exponentielle du nombre de radiations, dont la Seine-Saint-Denis (+101%) et la Guyane (+121%).
Pour le Conseil national des greffiers, ces faillites qui se multiplient et ces créations d’entreprises qui diminuent en nombre sont le signe d’un ralentissement économique. D’un autre côté, le léger recul des radiations témoigne d’une certaine résilience du tissu entrepreneurial et de l’efficacité des dispositifs d’aide aux entrepreneurs mis en place par les pouvoirs publics. Néanmoins, des améliorations sont attendues cette année.