Pour combler son puits sans fond de dépense, l’État cherche de l’argent.
Parmi les options à l’étude, Gabriel Attal ouvre le champ des possibles à une taxation des profits exceptionnels réalisés par les entreprises. Dans le même temps, TotalEnergies, l’une des sociétés françaises aux plus gros bénéfices, menace de se détourner de la Bourse de Paris au profit de celle de New York. Explications.
L’État pense à une taxation sur les superprofits
Face à sa dette abyssale, l’État français étudie différentes options pour combler son déficit. La taxe supplémentaire sur les bénéfices exceptionnels figure parmi les solutions envisagées. Alors que le dérapage des finances publiques nourrit la polémique, le chef du gouvernement prépare le terrain à l’éventualité de taxer ceux qui réussissent le mieux.
D’ailleurs, les médias rapportent que Gabriel Attal a annoncé jeudi dernier ne pas avoir de tabou ni de dogme sur les superbénéfices liés à des situations de crise. Pour appuyer ses dires, le Premier ministre a rappelé devant la presse la mise en place d’une taxe exceptionnelle imposée aux entreprises du pétrole et de l’énergie qui enregistraient des profits exceptionnels au même moment où les Français devaient faire face à une hausse de leurs factures. Il a notamment pointé du doigt les groupes de laboratoires de biologie médicale ayant réalisé des superprofits au moyen des tests Covid sponsorisés par la Sécurité sociale.
Pour les observateurs comme Quentin Parrinello, conseiller Sénior en Politiques Publiques auprès de l’Observatoire européen de la fiscalité, ces annonces pourraient indiquer une évolution de la ligne politique sur le sujet. En tout cas, elles interviennent en plein marasme budgétaire. La crise des finances publiques est d’autant plus amplifiée par le déficit de l’année dernière à 5,5% du PIB, l’absence de croissance économique et le plongeon des recettes.
TotalEnergies menace de se retirer de la Bourse de Paris
D’un autre côté, TotalEnergies réfléchit sérieusement à faire de Wall Street sa base boursière.
En effet, son PDG Patrick Pouyanné a profité d’une interview accordée à l’agence Bloomberg vendredi dernier pour émettre l’idée de déménager la cotation principale du groupe pétrolier vers la Bourse de New York. Selon les médias, Wall Street serait plus propice aux investissements dans les hydrocarbures que la Bourse de Paris.
Ce transfert de cotation serait, bien évidemment, une catastrophe.
Le risque majeur serait un déplacement de la liquidité autour de l’action à New York. La valeur globale de TotalEnergies est actuellement estimée à 167 milliards d’euros. Le groupe se situe ainsi à la quatrième place des capitalisations boursières de l’indice CAC 40. Pour l’instant, rien n’est décidé. L’heure est encore à la réflexion. Mais dans son tour de table, le géant pétrolier français prendrait acte du poids grandissant des investisseurs anglo-saxons.
TotalEnergies reste la société française en Bourse la plus riche
Pour information, TotalEnergies n’est autre que l’entreprise française en tête du classement en termes de bénéfices. En effet, elle est n°1 dans le top 10 des sociétés françaises les plus rentables en France. Ce palmarès 2024, est calculé à partir des résultats nets des plus grandes entreprises depuis 2014 jusqu’en 2023. Les données récoltées sur 10 années indiquent que le fournisseur d’énergies reste à la première place des entreprises françaises les plus fortunées, devant LVMH et BNP Paribas :
- En 2023, ses bénéfices atteignaient les 19 844 millions d’€, soit une croissance de 4%,
- Sur 10 ans, ses bénéfices cumulés s’élèvent à 90 546 millions d’€,
- Son chiffre d’affaires de l’année 2023 est de 203,19 milliards d’€,
La réalité est que les entreprises sont déjà très taxées et le jeu de la concurrence fiscale existe bien. Au risque de faire fuir celles qui réalisent de gros profits, la taxe ne semble donc pas la réponse à la crise des finances publiques de la France.