Depuis que les logements touristiques de courte durée se sont fortement multipliés, les propriétaires bailleurs n’hésitent pas à utiliser des méthodes parfois basiques pour remettre les clés aux locataires. Un peu partout dans les communes sous pression touristique, des boîtiers en forme de coffre-fort et qui contiennent les clés des logements secondaires mis en location inondent les espaces publics. Exaspérées, certaines municipalités partent à leur chasse. Explications.
Pour quelles raisons les boîtes à clés sont dans le viseur des municipalités ?
Pour placer les clés de leurs logements touristiques, un nombre grandissant de propriétaires inscrits pour la plupart sur Airbnb font appel à des boîtiers métalliques à code. Ces équipements leur permettent de mettre facilement leur maison ou leur appartement situé à l’autre bout de la France en location. Ils ne sont plus obligés de se déplacer pour accueillir les locataires ni de solliciter les services d’une conciergerie ou d’un gardien sur place. Pour ouvrir la porte aux vacanciers à n’importe quelle heure, il suffit de leur donner le code de la boîte. Il appartient ensuite à ces derniers de replacer les clés en quittant les lieux. Pour les propriétaires, les avantages sont trop tentants. Mais face à la prolifération anarchique de ces boîtiers à clés, des municipalités décident de sévir pour plusieurs raisons :
- Dans bien des cas, les bailleurs n’hésitent pas à les installer où bon leur semble, dans les parties communes d’une copropriété ou dans l’espace public.
- Outre l’aspect esthétique, la chasse vise à décourager et à limiter les locations de meublés de tourisme.
Quelles communes sont décidées à chasser les boîtes à clés ?
Ouest France cite quelques communes ayant pris des arrêtés municipaux interdisant l’installation de ces boîtes à code dans les espaces publics :
- À Nice, ceux qui sont installés illégalement sur la voie publique et sur le mobilier urbain sont retirés après constatation par un agent assermenté, suivie d’une demande de retrait sans délai et d’une mise en demeure,
- À Lille, les propriétaires sont également sommés d’enlever leurs boîtes avant le passage de la police chargée de les arracher,
- Annecy fait également le ménage en retirant ces petits coffres-forts disséminés un peu partout sur le mobilier urbain et en les déposant aux objets trouvés.
- À Paris, les propriétaires bailleurs saisonniers sont invités à respecter les règles et à demander une autorisation préalable pour installer leur boîtier à clés en toute légalité dans leur copropriété.
- Des villes comme Biarritz et Saint-Malo continuent aussi de mener des opérations de chasse des petits boîtiers.
Que dit la loi sur ces fameux boîtiers à clés ?
Comme le rappel Ouest France, la loi encadre l’utilisation des boîtes à clés Airbnb :
- L’installation de ce genre d’équipement n’est pas interdite dans une maison individuelle. Son propriétaire est libre d’en installer un sur une façade pour sa famille ou pour ses locataires de courte ou de longue durée.
- En revanche, l’utilisation de ce dispositif sur les espaces publics, et notamment sur le mobilier urbain, est strictement interdite. En clair, il est prohibé de fixer, d’attacher, de coller, de clouer ou de déposer une boîte à clés sur un banc, un lampadaire, un poteau ou sur tout autre aménagement accessible à tous.
- Les choses se compliquent pour les copropriétés. Déjà, le propriétaire doit s’assurer en premier lieu que le règlement qui régit la copropriété autorise les activités professionnelles ou commerciales telles qu’une location meublée de courte durée. Ensuite, il lui faut une autorisation en assemblée générale pour pouvoir installer son boîtier dans les parties communes.
Pour couronner le tout, les assureurs sont également nombreux à refuser toute indemnisation en cas d’effractions faisant suite à des clés placées dans une boîte. Pour les compagnies d’assurance, ce type d’équipement est assez facile à vandaliser. En conclusion, il ne fait pas bon d’être propriétaire.