La dynamique politique américaine de 2024 est marquée par un élément clé : l’importance croissante des crypto-monnaies auprès de la population. Ces actifs numériques, incarnés par des exemples tels que Bitcoin et Ethereum, sont devenus un sujet incontournable dans les débats politiques, notamment au sein des primaires républicaines. Les candidats, à l’instar du gouverneur Ron DeSantis et de l’ex-président Donald Trump, ne peuvent plus ignorer ce secteur en pleine expansion et de plus en plus influent.
La crypto, un enjeu important pour de plus en plus d’électeurs
La récente enquête nationale intitulée « 2024 Election: The Role of Crypto« , réalisée par The Harris Poll pour le compte de Grayscale, révèle que 26% des électeurs américains considèrent l’inflation comme le problème le plus pressant du pays. Cette préoccupation majeure met en avant le rôle potentiel de Bitcoin en tant que couverture contre l’inflation. De plus, la moitié des jeunes électeurs possédant des cryptomonnaies envisagent sérieusement les positions des candidats sur les actifs numériques, soulignant ainsi leur influence sur les décisions de vote. Un cinquième des répondants possède déjà des crypto-monnaies, en particulier parmi les Millennials, où 40% croient que les cryptos feront partie de leur portefeuille futur. Par ailleurs, le sondage du “Crypto Council for Innovation” du 2 janvier dernier suggère que les utilisateurs de crypto pourraient former un « bloc de vote pivot » clé dans les élections de 2024.
La position des candidats républicains
Ron DeSantis, par exemple, s’est positionné contre la monnaie numérique de la banque centrale américaine (CBDC), affirmant son engagement en faveur de la décentralisation et de la confidentialité des données. Cette politique s’aligne sur ses actions législatives antérieures en Floride, où il a signé un projet de loi limitant l’utilisation des CBDC émises par le gouvernement fédéral, citant des préoccupations sur la liberté financière des consommateurs. DeSantis s’est également fait un point d’honneur à s’engager à « mettre fin à la guerre de Biden contre Bitcoin ».
Cette posture s’aligne sur celle de Vivek Ramaswamy, un autre candidat républicain, qui a démontré son soutien aux cryptomonnaies en acceptant des dons en Bitcoin. Au début de sa campagne, Ramaswamy s’est établi comme le candidat présidentiel le plus pro-crypto de l’histoire des États-Unis, invoquant régulièrement la nécessité d’un cadre réglementaire clair pour l’industrie et intervenant régulièrement sur les développements de dernière minute dans le secteur depuis sa campagne. L’entrepreneur a souvent marié cette position pro-crypto avec des propos implacables concernant l’État profond, un État administratif composé d’employés fédéraux non élus qui, selon lui, contrôlent secrètement les machinations du gouvernement américain. Ramaswamy a régulièrement diabolisé la Securities and Exchange Commission (SEC) comme une extension de cette bureaucratie opaque, et attribué les politiques anti-crypto récentes de l’agence à des manigances de l’État profond.
Donald Trump, quant à lui, s’est fait remarquer les deux dernières années par les adeptes des crypto-actifs avec le lancement très réussi de plusieurs collections NFT (Non Fongible Token) à son effigie. Le mois dernier, il a encaissé des millions de dollars en Ethereum de ces ventes. L’engouement pour les NFT, en particulier ceux associés à des personnalités ou à des marques célèbres, montre l’appétit croissant du public pour ces actifs numériques. Les NFT offrent une forme unique de possession et d’interaction avec la culture numérique, ce qui attire à la fois les collectionneurs et les investisseurs. La réussite des collections NFT de Trump souligne l’influence considérable que les personnalités publiques peuvent exercer sur le marché des crypto-actifs. Leur participation peut non seulement attirer l’attention sur les cryptomonnaies et les NFT, mais aussi légitimer ces technologies aux yeux d’un public plus large.
Résultats du caucus républicain de l’Iowa
La fin du caucus de l’Iowa marque une phase cruciale dans la course à l’investiture républicaine. Bien que DeSantis ait sécurisé de nombreux votes, il reste nettement derrière Trump. En effet, Trump remporte une victoire éclatante et sans appel (51% des voix) indiquant un chemin difficile à parcourir pour le gouverneur de Floride et les autres candidats comme Nikki Haley.
Le retrait de Vivek Ramaswamy, clairement pro-crypto, de la course après les résultats de l’Iowa ajoute une autre dimension à la bataille pour l’investiture. Le départ de Ramaswamy pourrait renforcer Trump sur la question des cryptos car celui-ci vient d’annoncer son total soutien à l’ancien Président américain. Si sa base d’électeurs (7% dans l’Iowa) suivent ses recommandations, Donald Trump peut se retrouver appuyer par un nombre non négligeable de citoyens très favorables aux crypto-monnaies.
Le départ de Ramawamy de la primaire n’était pas particulièrement surprenant, étant donné l’emprise apparemment solide de Trump sur l’électorat républicain. Cependant, ce développement préfigure la possible consolidation des intérêts pro-crypto autour de Trump alors que le pays entre dans une saison électorale intense. À mesure que la campagne progresse vers la Convention Nationale Républicaine, l’accent sera mis de plus en plus sur les politiques des candidats.
L’absorption de Ramaswamy dans la campagne de Trump pourrait signifier que Trump, autrefois sceptique envers la crypto, devient clairement de plus en plus le porte-étendard politique du mouvement crypto. Et si le momentum actuel de Trump se maintient et qu’il remporte l’investiture, DeSantis agirait également probablement en tant que suppléant pour sa campagne électorale générale.
Les élections Présidentielles 2024, un tournant pour l’avenir des cryptos aux États-Unis
Après des années d’ambiguïté, 2024 et les années à venir semblent susceptibles de clarifier la relation du gouvernement américain avec les actifs numériques. En effet, l’environnement politique et réglementaire qui affectera les cryptos risque d’évoluer rapidement après les élections. Les enjeux sont élevés, si l’administration Biden parvient à ses fins, la DeFi pourrait par exemple bientôt être effectivement interdite en Amérique, a précédemment déclaré Miller Whitehouse-Levine du DeFi Education Fund. Le DeFi Education Fund (DEF) explique la finance décentralisée (DeFi) aux décideurs du monde entier et milite en faveur de politiques favorables à l’infrastructure financière décentralisée. Un second mandat de l’administration Biden dans sa politique crypto actuelle pourrait éliminer ou déplacer à l’étranger une grande partie du paysage crypto actuel, a déclaré Whitehouse-Levine.
Ainsi, de nombreux acteurs de l’industrie crypto aux États-Unis devront bientôt devoir décider à quel camp apporter leur soutien.
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