L’investissement dans la défense nationale est plus crucial que jamais et les chiffres parlent d’eux-mêmes. En France, le budget alloué à l’armement a atteint une somme imposante de 40 milliards d’euros en 2023, témoignant de l’engagement inébranlable du pays envers sa sécurité nationale. Une proportion significative de ces fonds, soit 5 milliards d’euros, a récemment été déployée pour soutenir l’Ukraine dans ses efforts de guerre. Mais cela ne suffira pas… Le gouvernement recherche encore des fonds. Et si l’épargne des Français servait à financer notre sécurité ?
L’épargne des Français : un pouvoir financier à considérer
L’épargne des Français, nichée principalement dans le Livret A, représente un trésor financier colossal. Avec un encours total de 510 milliards d’euros en 2022, le Livret A s’impose comme une force financière majeure, souvent mobilisée pour des enjeux sociaux et économiques.
Cependant, un récent développement vient éclairer les difficultés rencontrées par le secteur de la défense. Confrontées aux refus obstinés des banques traditionnelles, les entreprises du domaine sont désormais éligibles à un soutien inédit du Livret A.
Inspiré d’un amendement voté par le Sénat, cette mesure audacieuse élargit le champ d’action du Livret A et du Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) pour inclure les « petites et moyennes entreprises de l’industrie de défense française ». Une démarche qui s’inscrit dans une tentative de pallier les difficultés financières persistantes du secteur. Passée de force avec un énième 49.3, Elisabeth Borne fait valider cette mesure à l’Assemblée Nationale dans le cadre du projet de Loi de Finance 2024 sur le volet dépenses.
Les limites de la Finance verte
Pourtant quand on y prend du recul, on se rend compte que quelque chose n’est pas logique.
Dans ce système de finance verte, qui favorise la transition énergétique et un « monde meilleur » selon certains critères subjectifs, l’armement n’a pas sa place. Pourtant, la défense et sécurité d’un pays sont indispensables à son avenir. Mais toutes les décisions prises par le(s) gouvernement(s) ne sont pas louables. Faire la guerre pour des raisons économiques par exemple. Mais comment distinguer les bonnes des mauvaises raisons ? Le choix est juste politique. Interdire à la finance de financer ce secteur de la défense nationale et de l’armée peut s’avérer très dangereux pour un pays. Mais tous les citoyens seront-ils d’accord pour que leur épargne servent à cela, alors que toute la journée les médias expliquent que ce n’est pas bien ?
Livret A, un allié de taille pour l’armement
Les chiffres sont percutants : le Livret A, avec ses 510 milliards d’euros, devient un allié de poids pour les entreprises de défense.
- Actuellement, 59,5 % des fonds des livrets sont gérés par la Caisse des Dépôts pour le logement social.
- Les 40,5 % restants, gérés par les banques, sont désormais alloués au financement des PME de l’industrie de défense, à la transition énergétique, à la réduction de l’empreinte carbone ainsi qu’à l’économie sociale et solidaire.
Mais la trajectoire du Livret A dans le financement de l’industrie de la défense n’a pas été un chemin sans obstacle. Initialement, un principe similaire avait été présenté par la majorité sénatoriale lors de l’examen de la Loi de Programmation Militaire (LPM). Le Sénat avait voté en faveur de la création d’un « livret d’épargne souveraineté » destiné à soutenir l’industrie de la défense. Le ministre des Armées de l’époque, Sébastien Lecornu, avait reconnu la pertinence de cette proposition, qualifiant le sujet de « majeur ». Cependant, il pointait du doigt les doutes de Bercy, faisant référence au ministère des Finances, qui exprimait des réserves pour des raisons techniques.
Face aux réticences de celui-ci, la mesure a finalement reçu l’appui du gouvernement. Le ministre des Armées souligne l’importance cruciale de ce soutien financier pour une industrie générant 200 000 emplois directs et contribuant à hauteur de 8 milliards d’euros à la balance commerciale.
Des inquiétudes et des défis éthiques
Bien que l’intégration du Livret A dans le financement de l’industrie de la défense soit applaudie par certains, elle ne fait pas l’unanimité. Des voix discordantes comme celles du sénateur PCF Ian Brossat émergent, exprimant des inquiétudes profondes quant à la trajectoire choisie. Brossat souligne que l’utilisation de l’épargne nationale, une ressource précieuse, pourrait être mieux investie dans des secteurs cruciaux comme la transition écologique. Cette position soulève des questions cruciales sur les priorités nationales en matière d’investissement.
En dépit de ces réserves, le président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, Cédric Perrin, défend vigoureusement la mesure. « C’est aussi un signal très fort que la défense, ce n’est pas quelque chose de sale, comme certains voudraient essayer de le faire croire. Dans un pays, assurer sa défense, c’est assurer la paix. Gagner la guerre avant la guerre, c’est aussi être capable de financer sa défense. C’est pourquoi c’est une excellente décision », souligne-t-il.
Ceux qui veulent sorti leur argent du Livret A pourront se retourner vers le LEP, Livret d’Epargne Populaire, réservé aux revenus modestes. Ce livret est, comme le Livret A, sans taxes avec les fonds accessibles à tout moment et avec un taux à 6% au lieu de 3%.