Alors que le marché de la dette privée est en plein essor, Société Générale s’associe à Brookfield Asset Management pour lancer leur fonds d’ici le début de l’année prochaine. Les deux sociétés prévoient de mobiliser un total de 10 milliards d’euros dans le financement de projets d’énergie et d’infrastructures. Explications.
Société Générale et Brookfield lancent ensemble un fonds de dette privée
Dans un communiqué de presse commun, le gestionnaire d’actifs Brookfield et Société Générale ont annoncé leur alliance en vue du lancement d’un fonds de dette privée. Ce mode de financement, parfois méconnu, fonctionne comme suit :
- Agréé par l’Autorité des marchés financiers (AMF), ce type de fonds a pour rôle de financer le développement des entreprises privées,
- Véritable alternative aux prêts bancaires, cette source de financement injecte directement du capital afin de compenser un crédit,
- Il s’agit d’un « direct lending ». Autrement dit, il n’y a aucun intermédiaire. L’émission de prêts se fait en direct. Les prêteurs prêtent les fonds nécessaires à une entreprise endettée pour compenser sa dette.
- Sur mesure, les contrats sont plus souples par rapport à ceux du système bancaire classique,
- Deux niveaux de financement sont possibles : la dette senior (moins risquée et moins rémunératrice) et la dette mezzanine (plus risquée mais avec une plus-value plus avantageuse),
- Cet outil de financement par emprunt non bancaire est une classe d’actifs permettant une diversification des opérations et des risques en investissement.
Le lancement opérationnel de ce nouveau fonds est prévu vers le début de l’année prochaine.
Un fonds Investment Grade de 10 milliards d’euros
Le partenariat stratégique signé entre les deux acteurs est un projet de grande ampleur :
- D’ici les quatre prochaines années, le fonds initial cherche à mobiliser un total de 10 milliards d’euros auprès d’investisseurs institutionnels qui souhaitent placer leur investissement dans des dettes privées de qualité.
- À son lancement, le fonds d’amorçage s’élève à 2,5 milliards d’euros. Ce montant initial provient du rapprochement des fonds existants chez les deux associés et ayant été levés auprès de plusieurs institutions.
Les nouveaux partenaires indiquent que l’investissement sera tourné vers la dette notée « investment grade » et devra répondre, en particulier, aux besoins et aux exigences des compagnies d’assurance en termes de duration et de notation.
Un fonds d’investissement commun pour financer des entreprises d’infrastructures et d’énergie
Avant de s’élargir à d’autres segments d’ici quatre ans, le fonds d’amorçage va tout d’abord se concentrer sur deux stratégies :
- Le crédit d’actifs réels dans plusieurs secteurs dont l’électricité, les énergies renouvelables, la data, le stockage, le transport de l’énergie et le transport.
- Le financement de fonds.
Pour Société Générale en particulier, il s’agit d’une diversification qui va lui permettre en plus de toucher des projets qui normalement seront décarbonés : éolien, solaire, nouvelles énergies renouvelables, etc. D’ailleurs, elle espère revoir ses parts de marché à la hausse sur ces sources de financement et, par la même occasion, réduire l’empreinte sur son bilan.
Dans son communiqué, la banque rouge et noire se réjouit de ce partenariat stratégique. Son directeur général Slawomir Krupa précise qu’il s’agit d’une réponse nouvelle à une demande toujours croissante de dettes privées et parle de son impact sur l’économie réelle qui ne peut qu’être positif. Du côté du fonds canadien, son directeur général Bruce Flatt se dit ravi d’apporter ses propres capitaux et ceux de ses clients institutionnels afin de créer une réelle opportunité sur les segments de l’investment grade et de soutenir des industries considérées comme essentielles à l’économie mondiale.