Épargne : votre assurance vie est-elle en danger en 2023 ? [Interview Goodvest]

Publié le - Auteur Par Nantcy L -
Épargne : votre assurance vie est-elle en danger en 2023 ? [Interview Goodvest]

INTERVIEW. Si l’assurance vie fait partie des placements préférés des Français, « la rentabilité du fonds euros ne constitue plus une protection contre l’inflation, galopante depuis plus d’un an ». Dans ce contexte, comment les épargnants peuvent-ils « sauver » leur argent ? Conseils et éclaircissement de Matthieu Silva Santos, directeur de clientèle privée chez Goodvest, fintech démocratisant l’investissement socialement responsable.


 

En 2023, l’assurance vie, si chère aux Français, voit son intérêt faiblir. En effet, malgré des rendements encore positifs, le risque de perdre de l’argent sur des fonds euros devient tangible. Ils ne suffisent plus à couvrir le niveau de l’inflation, galopante depuis un an. Elle a atteint 5,2 % en 2022. Le rendement « réel » est donc négatif, et l’épargne des Français perd ainsi de la valeur. Avant d’expliquer les raisons qui ont mené à cette situation, revenons sur les supports qui la constituent et les risques encourus.

Assurance vie : de quoi est composé ce contrat ?

Bien que de nombreuses formules d’assurance-vie soient proposées en fonction de la durée choisie et des options de sortie (versement d’une rente ou d’un capital), les risques encourus par l’assuré fluctuent selon le type de support choisi : fonds euro ou unités de comptes (UC).

Assurance vie : quelles différences entre fonds euro et unités de compte ?

Comme nous l’explique Matthieu Silva Santos, directeur de clientèle privée chez Goodvest, la fintech qui démocratise l’investissement socialement responsable, « ces deux compartiments sont à la fois différents et complémentaires, au sein de ce type d’enveloppe. »

Définition du fonds euro

« Le fonds en euros constitue la poche garantie du contrat d’assurance-vie », détaille l’expert. « Les intérêts sont versés et capitalisés annuellement. C’est le fameux effet cliquet permettant de garantir les intérêts générés par le fonds euros. »

Définition des unités de compte (UC)

« Les unités de compte, de leurs côtés, constituent la seconde poche d’un contrat d’assurance-vie », note-t-il. « À la différence du fonds euros, les unités de compte ne sont pas garanties et supportent donc un risque de perte en capital partiel ou total. Leurs valorisations fluctuent en fonction de l’évolution des marchés financiers. Il peut s’agir de supports d’investissement investis en actions ou obligations cotées en Bourse (comme les ETF, SICAV ou FCP), de supports immobiliers (comme les SCI, SCPI ou OPCI) et même récemment de supports d’investissement investis dans des sociétés non-côtés, donc en Private Equity (comme les FCPR). »

Et de synthétiser : « Ces deux poches ont donc des profils de risque totalement différents et peuvent être mutualisées en fonction de l’objectif d’investissement, de l’horizon de placement et/ou de la tolérance au risque de l’assuré. »

 

Assurance vie : une relation rendement/risque

Comme le constate le directeur de clientèle privée chez Goodvest, « la rentabilité du fonds euros est concurrencée par l’inflation galopante depuis plus d’un an. Néanmoins, l’assurance-vie, dans sa globalité, continue d’attirer de plus en plus d’épargnants désireux de diversifier, dynamiser leurs investissements et éviter que leur capital subisse ce phénomène d’érosion monétaire en raison de l’inflation conséquente. »

D’ailleurs, « les chiffres de France Assureurs reflètent ce développement », pointe-t-il. « À fin avril 2023, les cotisations en assurance-vie atteignent 55,5 milliards d’euros et la collecte nette reste en territoire positif. »

« Si nous regardons en détail la ventilation entre fonds euros et unités de compte, nous observons justement une part d’unités de compte qui ne cesse d’augmenter depuis le début de l’année », note-t-il. « Le rendement du fonds euros finira par remonter à long terme dans un contexte de remontée des taux d’intérêt, mais ne constitue plus une protection contre l’inflation », estime-t-il.

« La relation rendement/risque vaut aussi en assurance-vie. Une prise de risque plus importante implique également un potentiel de rendement plus important sur le long terme et les épargnants comprennent que ce risque supplémentaire permet, à long terme, de protéger leur capital face à l’inflation », analyse Matthieu Silva Santos. 

Assurance vie : gare au regain de volatilité

Depuis plusieurs mois, notamment sur l’année 2022, un regain de volatilité est observé sur les marchés financiers. Quelles en sont les causes ?

Assurance vie : ce qui agite les marchés financiers

Les causes sont multiples et connues. L’expert nous les énumère :

  • « Un conflit en Ukraine qui a perturbé l’environnement économique et financier
  • Des tensions géopolitiques qui ont suivi
  • Une inflation qui a été moins transitoire qu’elle ne devait être et renforcée par le conflit en Ukraine (notamment les tensions sur les prix de l’énergie et de l’alimentation).
  • Une remontée des taux rapide et forte des Banques centrales qui ont été forcées de répondre face à cette inflation galopante et qui ont été obligées de durcir leur politique monétaire. »

Sans oublier les récentes « tensions sur le secteur bancaire après la faillite de certaines banques américaines, la reprise de Crédit Suisse par UBS, mais également les discussions sur le plafond de la dette américaine, qui ont agité les marchés financiers ».

Assurance vie : une situation complètement inédite en 2022 et des incertitudes

Matthieu Silva Santos rappelle que « les actions ont été chahutées sur l’année 2022. Il s’agissait surtout d’une année exceptionnelle pour les obligations. Cette classe d’actifs qui est censée jouer le rôle d’amortisseur, a vu ses valorisations plonger. Et c’est une situation inédite que nous avons vécue. Depuis plus de trente ans, aucune année pleine n’avait connu une baisse simultanée si forte des actions et des obligations mondiales. Souvent, une classe d’actifs compense les pertes de l’autre. En 2022, c’était la double peine : notamment pour les obligations, au regard de leur profil naturellement défensif. »

Il alerte également sur un point : « Bien que nous constations une atténuation de certains risques, comme le ralentissement de l’inflation ou la modération de la politique de resserrement monétaire des banques centrales, il n’en demeure pas moins que certaines incertitudes subsistent. Le conflit en Ukraine qui perdure, le ralentissement de la croissance économique, voire une récession qui a déjà débuté dans certains pays, comme en Allemagne à la fin du mois de mai. Il est important de souligner qu’une récession importante pourrait avoir un impact significatif sur les marchés financiers. »

 

Qu’en est-il pour nos épargnants ?

Assurance vie : quelles sont les meilleures alternatives en 2023 ?

Si les taux des livrets d’épargne de précaution augmentent, « il ne faut pas considérer ces enveloppes comme des placements, car leur rendement est toujours inférieur à l’inflation », prévient le directeur de clientèle privée chez Goodvest. Vers quoi faut-il alors se tourner ?

Assurance vie : les unités de compte, « une des meilleures alternatives »

Selon l’expert, « les unités de compte restent une des meilleures alternatives afin de faire fructifier son capital, à condition d’avoir un horizon suffisamment long pour absorber des éventuels mouvements de marchés défavorables. Plus l’horizon est long, plus le risque de perte en capital décroît. »

Assurance vie : « Le véritable risque est de céder à la peur »

Les marchés financiers vont-ils finir par rebondir ? Pour Matthieu Silva Santos, il semblerait que oui : « Il s’agit d’un contexte passager, et comme toutes les crises que nous avons vécues, les marchés financiers vont finir par rebondir (ce que nous observons depuis le début de l’année 2023). Certes les crises ont toutes été différentes (crise financière en 2008, crise de la dette souveraine en 2011, crise sanitaire en 2020 etc.), mais les marchés ont toujours eu le même comportement : une forte baisse ponctuelle puis une remontée. »

Il estime que « le véritable risque pour les épargnants est de céder à la peur et de ne pas contrôler leurs émotions dans ce type de contexte. Il faut avoir à l’esprit que les fluctuations à la hausse ou la baisse sont naturelles en investissement. L’important est d’accepter ces mouvements sur lesquels nous n’avons pas la main, maintenir son cap surtout de ne pas changer sa stratégie d’investissement en fonction des conditions de marché ».

Assurance vie : la diversification et la régularité sont les clés pour se protéger

Différents outils sont à la disposition des épargnants pour se protéger. Voici ceux que Goodvest préconise :

« Dans un premier temps, la règle d’or est la diversification. Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. On ne le répète jamais assez, mais c’est un des outils les plus efficaces afin de se protéger dans des périodes de secousses. Cela permet notamment de réduire le risque de son investissement ainsi que les fluctuations du portefeuille et d’optimiser sa performance. Diversifier, mais attention à ne pas se disperser ! », prévient-il toutefois.

« Ensuite, la régularité est le deuxième outil à disposition des épargnants. La période actuelle nous montre qu’il faut donc investir de manière progressive. Et c’est ce que nous préconisons à nos clients en leur permettant d’investir de manière progressive, à des niveaux différents de marché, afin de ne pas être dépendant d’une seule et unique date d’investissement, mais de plusieurs. Cela permet également de réduire leur sensibilité aux fluctuations haussières et baissières. D’autant plus que cela permet d’éviter de se poser la question du ‘market timing’ que personne ne peut prévoir ou anticiper avec certitude, car il n’existe pas… ou plutôt on ne le connaît qu’après coup », explique-t-il.

« En conclusion, la diversification et la régularité sont, selon nous, les clés de l’investissement dans cette conjoncture. À côté de cela, il faut également contrôler ses biais cognitifs comme nous l’avons expliqué précédemment. Enfin, chez Goodvest, nous maintenons notre préférence pour les unités de compte qui restent notre poche privilégiée, afin d’aller capter un rendement à long terme. De la même manière, le fonds euros est totalement exclu de nos allocations via notre méthodologie de construction de portefeuille, basée sur la transparence et l’analyse de l’empreinte carbone de chaque support », assure-t-il.

Car, « à ce jour, les fonds euros sont encore gérés de manière trop opaque et ne répondent pas à notre cahier des charges d’un point de vue environnemental, à savoir un alignement sur trajectoire de maximum 2 degrés de réchauffement climatique et une exclusion des entreprises impliquées dans la production et l’extraction d’énergies fossiles », pointe-t-il.

Ainsi, « en vue d’apporter une protection supplémentaire et de limiter la volatilité et les fluctuations de nos portefeuilles, nous optons également pour des supports obligataires à duration courte, qui sont moins sensibles aux variations des taux d’intérêt. En outre, ces obligations courtes offrent, depuis peu, des rendements attractifs, ce qui renforce notre décision de nous exposer davantage à ce type d’actifs. Dans le contexte économique actuel, il s’agit d’un choix logique et naturel. »


Cet article n’est pas un conseil en investissement mais la retranscription d’une interview.

Pour bénéficier des conseils d’un expert en investissement immatriculé à l’Orias, contactez notre conseiller indépendant. 

Par Nantcy L

Journaliste plurimedia depuis 15 ans, je m'intéresse à différents univers : économie, lifestyle, société, culture, psycho & développement personnel... Pour Comparateurbanque.com je vous livre, à l'aide d'experts, des conseils pour mieux gérer votre argent.

Laisser un commentaire