INTERVIEW.
Capital à fonds perdus, garantie plancher, exonération de droits de succession… Quels produits d’assurance offrent quoi ? Il n’est parfois pas facile de s’y retrouver. Charlotte Thameur, directrice conseil chez Yomoni, fintech de gestion de portefeuille, revient sur les différences, les avantages et les similitudes de l’assurance vie et de l’assurance décès.
L’assurance regorge de types de contrats divers et certains, se ressemblent considérablement. Trop nombreuses sont d’ailleurs les personnes à confondre, encore aujourd’hui, l’assurance vie et l’assurance décès. Car, « ce sont des contrats assurantiels, fournis par des assureurs, avec une volonté de se prémunir pour l’avenir ou en cas décès, soit en épargnant, soit en levant un capital important pour les membres de sa famille », nous indique Charlotte Thameur, directrice conseil chez Yomoni, fintech de gestion de portefeuille. « Ils peuvent tous deux être alimentés par des primes uniques ou par des versements réguliers. Ces contrats présentent enfin des avantages successoraux », ajoute-t-elle. Néanmoins, ces deux produits comportent des différences. Afin de bien faire le distinguo et d’y voir plus clair, l’experte conseil en investissement nous apporte son éclairage.
Assurance vie et assurance décès : deux produits bien différents
Malgré des similitudes, l’assurance vie et l’assurance décès sont deux produits bien distincts.
Assurance vie : un contrat de capitalisation avant tout
« L’assurance vie est un contrat de capitalisation. Cela signifie qu’elle permet de faire fructifier des économies, via des investissements sur des supports financiers, nous explique l’experte. « Elle peut être alimentée par des primes périodiques ou par un capital unique. Le but est de disposer des sommes épargnées à tout moment, augmentées des éventuels bénéfices réalisés sur les placements choisis. Elle peut par exemple être ouverte pour un projet précis, comme l’achat futur d’une résidence secondaire dans une dizaine d’années. Quoi qu’il arrive, si l’acquisition n’a finalement pas lieu, et que le souscripteur décède, le capital ne disparaît pas. L’argent profitera aux bénéficiaires », développe-t-elle. L’assurance vie permet ainsi de se constituer un complément de revenus pour l’avenir.
Assurance décès : un contrat de prévoyance seulement
Contrairement à l’assurance vie, « l’assurance décès, est un contrat de prévoyance, assurantiel », pointe Charlotte Thameur. « L’idée est certes, toujours de prémunir un bénéficiaire en cas de décès, mais ici, le capital constitué peut être à fonds perdus. Car, l’assurance décès permet d’assurer un risque. Si ce dernier n’a pas lieu, les sommes initialement investies – sous forme de capital ou de rente – peuvent ne jamais être récupérées (capital à fonds perdus).
En somme, ces deux produits, bien que complémentaires, sont donc vraiment différents.
« D’un côté, nous faisons fructifier un capital qui nous appartient, en vue de créer une réserve pour l’avenir ou de la transmettre en droits de succession aux bénéficiaires en cas d’accident. De l’autre, le capital investi dans une assurance décès vise à se prémunir de son propre décès et de protéger des personnes de sa famille. Mais il est impossible de débloquer les sommes versées si le risque n’est pas avéré », note-t-elle.
Assurance décès : une transmission plus avantageuse
La transmission est toutefois plus avantageuse sur l’assurance décès que sur l’assurance vie. « Lorsque le risque se lève et que le capital est libéré et transmis aux bénéficiaires du contrat, toutes les primes versées avant les 70 ans de la personne assurée sont exonérées de droits de succession. En revanche, si le décès a lieu après 70 ans, il existe des droits de succession sur les primes périodiques. Après 70 ans, le capital décès n’est pas imposable aux droits de succession, mais si les cotisations qui l’alimentent sont versées après les 70 ans du souscripteur, les primes sont réintégrées aux droits de succession pour être imposées avec le reste du patrimoine du défunt. Le bénéficiaire est alors imposable à l’impôt sur le revenu sur le capital décès au taux de 20 %, mais après déduction d’un abattement de 152 500 €. La somme imposable ne doit pas dépasser les dernières cotisations annuelles versées avant les 70 ans du souscripteur », développe la directrice conseil chez Yomoni.
En résumé, le capital décès n’est pas imposable sur les droits de succession, mais les cotisations peuvent l’être si le décès intervient après 70 ans. Bien que plus avantageux en termes de droits de succession, l’assurance décès est destinée à couvrir la perte de revenus due à une mort prématurée de son souscripteur. Ainsi, dans la plupart des formules classiques, le capital n’est récupérable qu’en cas décès accidentel (accidents d’avion, de train, etc.) et non naturel. Ce type d’offre, peut ainsi être intéressant pour les cadres qui voyagent beaucoup. La maladie peut aussi être prise en charge, sous réserve de remplissage du questionnaire médical remis par l’assureur à l’adhésion.
Mais, « un bénéficiaire aura plus de chance de percevoir le fruit d’une assurance vie que d’une assurance décès », prévient l’experte. L’assurance vie, très appréciée des Français, comporte d’ailleurs de nombreux intérêts.
Assurance vie : ces avantages parfois méconnus
Franchise d’impôts, recapitalisation des intérêts, garantie plancher… L’assurance vie regorge d’avantages que voici.
Assurance vie : une franchise d’impôts intéressante
« Le contrat d’assurance est en franchise d’impôts, tant que le capital n’est pas entamé. Étant donné que la performance d’un placement financier se fait aussi par la recapitalisation des intérêts – ce qu’on appelle plus communément les intérêts composés – cela permet de travailler sur des intérêts composés brut de fiscalité. Ils vont alors permettre de booster la performance de l’assurance vie », détaille Charlotte Thameur.
Le deuxième intérêt de l’assurance vie repose sur son avantage successoral. « Pour tout versement avant 70 ans, il est possible d’obtenir une exonération allant jusqu’à 152 500 €, par bénéficiaire désigné, tous contrats confondus », assure-t-elle.
Assurance vie : focus sur la garantie plancher
Peu connue du grand public, la garantie plancher de l’assurance-vie peut être intéressante pour les personnes âgées par exemple, ayant un capital important investi en unités de compte et souhaitant préparer leur succession. En cas de souscription par son détenteur, cette garantie optionnelle offre aux bénéficiaires une somme minimale, au moins égale au cumul des sommes versées. En fonction du type de garantie choisie, elle peut néanmoins être plus importante. Elle peut en quelque sorte être assimilée à une garantie décès, qui profitera aux bénéficiaires.
Les 4 types de garantie
Il existe 4 types de garanties :
- La garantie plancher classique : ici, les bénéficiaires perçoivent au décès du souscripteur le montant placé en unités de compte.
- La garantie plancher indexée : chaque année, un taux d’indexation est appliqué sur les versements cumulés. Le souscripteur peut dès lors choisir le capital minimum qui sera versé à ses bénéficiaires.
- La garantie plancher cliquet, accessible généralement à partir de 65 ans : la somme versée aux bénéficiaires est égale à la valeur la plus élevée atteinte par le contrat.
- La garantie majorée : l’assuré détermine ici le montant qui sera versé aux bénéficiaires à son décès grâce au coefficient de majoration applicable sur le capital atteint.
Le prix de la garantie plancher, qui peut être élevé, dépend de 3 éléments principaux :
- Le type de garantie
- L’âge de l’assuré
- Le capital sous risque.